mercredi 28 septembre 2011

Le feuilleton du mercredi, 5.

Nous revoilà avec un nouvel épisode du feuilleton. J'ai quelques semaines d'avance, et tout avance bien !
Bonne lecture, et comme d'habitude, n'hésitez pas à me donner votre avis.


7 Septembre, Louis
Ce matin, quand je suis revenu d’un rendez-vous avec mon éditeur, j’ai trouvé un petit sachet sur la poignée de ma porte. A l’intérieur, une petite carte avec un « désolée » griffonné à la hâte, et une boîte emplie de cookies. Pas besoin d’aller chercher loin pour savoir de qui ils venaient.  J’ai presque honte de le dire, mais je me serais presque senti fondre. C’était terriblement maladroit, et en même temps touchant. Et puis, il faut l’avouer, ce sont les meilleurs cookies que j’ai mangé depuis belle lurette.
Mais tout ça, ce n’est rien. Ce qui m’a perturbé le plus aujourd’hui, c’est le tête à tête, autour d’une tasse de thé, que j’ai eu avec Margot. Elle m’a annoncé d’emblée que si elle daignait répondre à mes questions, ce n’était certainement pas pour m’être agréable, mais parce que son amie avait besoin de quelqu’un en ce moment, et qu’elle ne doutait pas que je serais me montrer agréable.
Un peu présomptueuse la donzelle !
Néanmoins, je l’ai écouté parler d’Elizabeth. Sa vision d’elle est plus celle d’une grande sœur aimante que celle d’une amie, et j’ai fini par comprendre pourquoi. Elles se sont connues au lycée, en se découvrant une passion commune pour les peintres pré raphaélites. L’Elizabeth que je connais, peu certes, n’existait pas à l’époque. Jusqu’à ses dix-huit ans, elle a été lumineuse, solaire, enjouée et toujours riant pour un oui ou pour un non. Elle sortait à l’époque avec le fameux type qui maintenant lui envoie des bouquets de fleurs tous les jours et tape l’incruste le dimanche. Ils étaient le couple idéal, amoureux comme on peut l’être à cet âge –là avec naïveté et passion.
Quand Margot m’a raconté ce qui avait fait voler en éclat ce paradis presque écœurant, j’ai eu du mal à la croire. Imaginer cette fille fragile, rentrer un jour chez elle, et trouver son père sans vie. Essayer de le ranimer, et se retrouver couverte de son sang. Apprendre que c’est sa mère qui l’a tué…
Et son Roméo de pacotille qui l’a planté parce qu’il était trop jeune pour supporter tant de malheur. Si j’étais lui, j’aurais honte de revenir maintenant. 
Maintenant, je suis un peu perdu. Je suis sûr qu’elle ne veut pas de ma pitié. Et pourtant, elle doit souffrir. Et qui suis-je pour cette fille ? Un inconnu. Qui a rejeté toutes ses tentatives de lier connaissance. Finalement, Margot a sans doute réussi ce qu’elle voulait faire en me parlant de l’histoire de ma logeuse. Maintenant, j’aurais envie de l’aider. Pourquoi faut-il que mon syndrome de chevalier servant se réveille encore et toujours ? Ne puis-je pas m’occuper juste de moi et pas des autres ?
Avec tout ça, je repousse le moment d’aller voir la mienne de mère, alors que je sais pourtant qu’il le faut. Dans quel état sera-t-elle ?

lundi 26 septembre 2011

Rendez vous avec un mot : Limite

Cette semaine, il s'agissait de travailler avec le mot limite. Lourd de sens (j'allais écrire de sang, pour vous dire à quelque point il peuvent me glacer ces quelques lettres.) Voici les liens des participants :  Valentyne32 Octobre,Aymeline,  Asphodèle et Amélie.
Le mot de la semaine prochaine est : marque. (comme le sens est large, ça offre pas mal de possibilités !)

Je n'ai pas continué mes aventures policières aujourd'hui, limite m'ayant imposé le texte que je vais vous livrer. Il a été écrit un peu automatiquement, d'une traite, sans réfléchir, penser, s'arrêter. Il a coulé simplement.
Oh et avant de vous livrer le texte. Merci pour vos commentaires, je mets parfois du temps à répondre, mais je les lis, tous. Et ils me font grand plaisir.


Une porte. C’est beaucoup de choses quand on y réfléchit. C’est une barrière, une frontière, une protection. Si l’on est optimiste, c’est une ouverture, une possibilité, un endroit à franchir.

Parfois, justement, c’est une limite. Quelque chose qu’on aimerait outrepasser, mais qui nous freine. Cet objet de bois, si inoffensif, primaire, si courant, se transforme en chose effrayante.

Quand il y a quelqu’un derrière. Que des voix se font entendre dans le couloir ou les escaliers.  Alors, je me fige. Où que je sois dans l’appartement. Si je suis proche de ce qui me semble désormais le seul rempart entre mon être et l’adversité, je me colle au mur. J’essaye naïvement de me fondre avec le béton, de m’assimiler, de disparaître. Dans ma poitrine, un orchestre joue à plein régime, et les tremblements commencent. Puis les voix cessent. Et petit à petit, la vie reprend. Doucement, avec effroi, avec crainte. Il m'arrive pour fuir les bruits de m'abreuver de musique, de sons. Une mélodie de forêt, de ruisseaux et de pluies torrentielles, de chants d'oiseaux. En fermant les yeux, l'on se retrouve ailleurs. Seul. Dans un écrin de verdure fantasmé. Dans une explosion orange et automnale, ou dans la douceur d'une nuit d'été dans un sous bois. Loin de la civilisation, loin des gens, pour un tête à tête avec mère nature.

Parfois, il faut aller au-delà de la porte. Essayer du moins. Et il arrive que ce soit impossible. Longtemps alors, j’étudie la vie de l’immeuble, ces moindres bruits, les frémissements trois étages en dessous . J’analyse, prévois. L’heure d’abord. Il y a des enfants quelques étages plus bas. Éviter de sortir à seize heures, et dans un rayon d’une heure après, le matin n’est pas envisageable non plus, trop d’allées et venues. Les horaires de sortie du travail sont bien sûr proscrits. Il reste dans la matinée, quelques moments intimes. La nuit aussi, et surtout. Mais dans quel but ? Alors, sur le balcon, sur le froid du sol, on se prend à contempler le ciel. Il n’a pas de limite lui. Pas d’entraves, de peurs idiotes et irraisonnées. Il est sans fin. Changeant et oscillant, tour à tour pâle et livide, puis flamboyant pour s’abîmer dans l’obscurité et s’allumer d’étoiles.

Et c’est dans ce muet regard d’une amoureuse de beauté que je puise la force. Celle qui un jour, fera tomber les murs et m’offrira l’infini.

vendredi 23 septembre 2011

Des mots une histoire 40


 Après un arrêt la semaine dernière, je reprends l'atelier d'Olivia, et cette semaine on ne peut pas dire que la moisson de mots soit particulièrement facile !

Diantre! 

J'ai GA-LE-RE, comme jamais. 

 Néanmoins j'ai repris mes deux amoureux de d'habitude, et essayé de tirer quelque chose de l'affaire. Nous les avions laissé sur un baiser, voici la suite.


 

Les frissons jouèrent leur musique enivrante, et elle s’abandonna un instant à l’étreinte de cet homme têtu. Et si pour une fois, elle ne jouait pas les filles de l’air ? Elle avait à portée de main une possibilité d’aurore dans sa vie si sombre, et elle lui tournait le dos avec obstination. Depuis quand était-elle devenue si encline à la destruction ? Au fond d’elle-même, elle le savait. Alors, c’est sous un ciel empli de nuage, qu’elle se laissa aller.
La naissance d’un amour sans autres témoins que la forêt et ses habitants.
-          Bien, dit-il, la couvant du regard comme une poule prête attention à son œuf, je vois qu’on a décidé d’être moins canaille ?
En son fort intérieur, il avait eu l’impression de décrocher le gros lot, et en guise de fortune, il se retrouvait avec cette créature si étrange, si cyclique, qui lui donnait envie de s’adonner au stupre et à la décadence.
Il était un homme de raison pourtant. Ne partant jamais sans une carte, même pour un court trajet, et sans une panoplie de médicaments divers, et d’un fatras de choses inutiles, au cas où. Mais quand il la regardait, il se sentait un enfant passionné par un iguane, voulant l’étudier, le comprendre, le choyer.  Elle était quelqu’un pour qui l’on vidait sa tirelire, pour qui confectionner des tartelettes en pleine nuit si elle en avait envie, pour qui l’on décrochait la lune, si l’on pouvait.
Il sentait déjà sa tête s’emplir de travaux pour lui faire une place. Et son cœur jouait un rythme nuptial.
Elle le regarda avec intérêt. Avant ce jour elle n’avait jamais remarqué à quel point il l’apaisait. C’était un cadeau que lui faisait la vie, un de ceux avec des rubans rouges, ceux qu’il faut préserver. Mais elle était si sauvage, elle avait tellement cloisonné sa vie jusqu’à l’obturation de ses sentiments, qu’elle avait failli passer à côté.  En le regardant cueillir une fleur d’ysatis, elle eut une certitude. Elle avait beau ne pas savoir ou tout ça aller la mener, elle avait envie d’essayer.

mercredi 21 septembre 2011

Le feuilleton du mercredi, 4

Journal d'Elizabeth,
6 septembre,
Il a fait comme si de rien était quand je l’ai croisé tout à l’heure. Mais je remarque bien qu’il fait tout pour m’éviter. Et je comprends tout à fait. Il faut que je fasse quelque chose. Qu’il comprenne que les compteurs sont remis à zéro. Par quel moyen faire passer le message ? Je pourrais lui parler, mais je suis sûre qu’il le prendrait mal.
Des cookies. Ben oui forcément, des cookies. Un truc monstrueusement riche et bon, qui dirait « tiens regarde, j’suis un peu cruche, mais je fais bien la cuisine. » Il paraît qu’en goutant le plat de quelqu’un, on peut savoir qui il est. Sentir ses sentiments. Je n’ai pas envie de lui pourrir la vie, ni qu’il se sente obligé de partir parce que je suis un boulet. Espérons que l’opération ventre fonctionnera…
Hier, j’ai vu Etienne. Je ne sais pas si c’est d’avoir pensé au passé, et si la personne que j’ai été me rattrape, mais je me suis sentie vide face à lui. Il m’a encore parlé de vendre la librairie après le procès, et de recommencer ma vie ailleurs. De laisser l’horreur derrière moi, de renaître de mes cendres… Avec lui, bien sûr. Peut-être que pour une autre personne ce serait la bonne chose à faire, mais abandonner ma boutique, ce serait renier mon père. Même si c’est encore douloureux, même si ça le sera toujours, c’est le lien ténu qui me rattache à lui.
Que dirait-il de ce que je suis devenue ? Il me sermonnerait je crois.
Il faut que j’arrête de croire que je ne peux pas vivre seule. Sans amourettes. Je deviens une parodie de la pauvre fille qui a peur de se retrouver face à face avec elle même. J’ai des amis non ?
Je fais la bravache, j’essaie de me pousser dans mes retranchements, mais je me sens bien faible ces derniers temps. Je n’ai pas envie d’embêter les filles avec ça. Elles ont leur vie, et je ne veux pas la gâcher avec mes éternelles crises.
Le procès approche. J’oscille entre l’envie de lui faire face, de la regarder droit dans les yeux, de lui crier à la fois ma haine et mon amour, et l’envie de rester terrée ce jour-là dans mon lit, sous sédatifs, en attendant que ça passe. Pourquoi a-t-elle fait appel ? Les preuves sont irréfutables pourtant. Elle a tué son mari, elle a tué mon père, et même si elle ne m’a pas touchée, c’est comme si j’étais morte moi aussi ce jour-là. Comment accepter que ma mère ait fait ça ? Avant le premier procès, je croyais fermement qu’une fois l’affaire jugée, je serais soulagée. Quelle idée !
Et maintenant mes rêves sont peuplés d’elle, qui me tue.
Et en prime, Hugo m’envoie un bouquet de fleurs tous les jours. Du coup je les offre à mes meilleurs clients. Et j’essaie de faire passer ça pour une espèce de cadeau commercial. Tout plutôt que de les avoir devant moi. Je ne le hais pas assez pour les jeter.

lundi 19 septembre 2011

Rendez vous avec un mot : Pervertir

Pas forcément très joyeux le mot d'aujourd'hui et pas facile, mais j'espère, que vous vous en êtes bien tirés !

Vous pouvez  aller lire les participations d'Amélie et d'Aymeline, d'Asphodèle et de 32 Octobre.

Pour la semaine prochaine ce sera le mot limite. Espérons que ce ne sera pas trop dur à travailler !

Et voici mon texte, qui n'est pas aussi bon que je l'aurais voulu, mais je n'avais franchement pas la tête à la fantasy... Il est le prolongement des derniers rendez vous avec un mot.


-          Il y a quelque chose qui ne va pas chez elle, constata Ameryel avec amertume. Elle n’a pas plus son essence d’elfe. Elle est creuse.


Morgana s’adossa contre un mur, pensive. Cette fameuse essence qu’évoquait Ameryel était l’une des seules choses qui distinguaient un elfe d’un humain normal. Outre leur physique, les elfes avaient surtout cette pureté, cette innocence, cette légèreté de l’âme qui les rendaient généralement agréables à côtoyer, mais peu fiables.  A elle seule, Ameryel représentait l’elfe dans toute sa splendeur. Si elle était généralement très utile dans les rapports avec ceux de son clan, elle oubliait souvent de faire la moitié de ce qu’on lui demandait, et malgré une grande sagesse, était bien souvent sur son nuage. Sans parler de ses conflits nombreux avec les nains qu’elle prenait un plaisir coupable à verbaliser sans raison apparente.


-          Elle a été pervertie. Reprit Ameryel après un moment de silence. Je ne sais pas à quoi elle s’est abaissée pour en arriver là, mais elle a dû y être poussée. Rares sont ceux d’entre nous qui s’égarent ainsi.


A regarder la blonde et frêle créature allongée sur la table, on avait du mal à croire qu’elle avait pu être entraînée à faire quoique ce soit qui la fasse chuter. Était-ce l’amour ? Le peuple sylvestre racontait volontiers l’histoire d’une Elfe, d’une beauté incomparable qui s’était un jour éprise d’un mage. Ce dernier, avide du pouvoir de la forêt que détenait sa douce amie, l’avait peu à peu fait tomber sous sa coupe, et sans s’en rendre compte, elle avait commencé à devenir mauvaise.  Le jour où elle avait tué pour lui un de ses rivaux en le séduisant, elle avait définitivement chuté. Et lorsque, désormais devenue inintéressante pour son amour, il l’avait rejetée, elle s’était jetée du haut d’un pont, se transformant selon la légende, en écume.

Que cette fable ait un terreau historique ou non, il était possible qu’une partie de la clé de l’énigme réside dans cette perte qui avait touché la victime. Restait à découvrir qui était derrière tout cela…

mercredi 14 septembre 2011

Le feuilleton du mercredi, 3.

Avant de vous laisser la lecture quelques mots, quand même. J'avance bien ces derniers temps, et la partie de la semaine prochaine est déjà écrite. Je ne sais pas si les caractères de mes personnages sont crédibles, mais j'aime ce côté introspection de la première personne du singulier... (pour lire les premières parties, cliquez sur le tag en bas de l'article ^^)

Bonne lecture. (Toute critique [euh constructive hein] est la bienvenue !)

Journal de Louis, 

5 Septembre,


C’est une maison de fous. J’aurais dû m’en douter en fait. Si elle n’avait pas trouvé de locataire, c’était bien pour une raison. C’est vrai quoi, une situation comme ça, en région parisienne, aussi proche des transports, non j’aurais dû le savoir.
Pourtant depuis mon emménagement ça se passait plutôt pas mal. Elle avait vite compris que je voulais être seul, et qu’il ne fallait pas compter sur moi pour les rapports amicaux. Des amis, j’en ai assez merci. Mon radar m’indiquait que cette fille était à problèmes, et c’est typiquement le genre de personnes que je ne peux pas encadrer. En écrivant ça, je sens bien que je suis devenu quelqu’un de dur. Mais voilà, j’ai donné, pendant toute mon enfance, j’ai été l’adulte, le conciliateur, le garde-fou, maintenant, je veux des gens simples. Pas de prise de tête, des rapports de confiance, de la fluidité, du calme. Le syndrome Saint Bernard, c’est fini.
Enfin…
Je me demande ce qu’il a pu bien lui faire ce type, cette espèce d’Apollon de bas étage, qui respirait la suffisance par tous les pores de la peau. Je suis assez hédoniste comme garçon. J’aime les belles choses. Même les hommes, je n’ai pas peur de le dire. Pour moi les gens sont comme des tableaux. S’ils sont réussis, si la nature a su jouer sa plus belle mélodie avec eux, je n’ai pas honte de me perdre dans une contemplation silencieuse. Mais, il faut pour cela que je sente que leur ramage se rapporte à leur plumage. Chez lui, ce n’est visiblement pas le cas. Ça se voit tout de suite.
Déjà, on ne va pas chez les gens sans s’être annoncés. A moins d’être vraiment un familier des lieux. Et au vu de la réaction de Mlle Tales, ce n’est plus le cas. Je dis plus, parce qu’à mon avis ça l’a été un jour. Il est clair qu’entre eux deux, il a eu quelque chose de charnel. Les anciens amants ont des attitudes qui ne trompent pas. Cette façon d’évaluer le corps de l’autre, de chercher à savoir s’il a changé. De se demander s’il vibrerait toujours de la même façon.
Je ne sais pas si je fais bien d’être curieux comme ça. En même temps, c’est moi qui l’aie ramassée à la petite cuillère alors qu’elle était ivre et pleurait comme une forcenée. Dieu merci elle n’a pas vomi. Il n’y a rien de plus détestable que de tenir les cheveux d’une fille quand elle rend tripes et boyaux. Dans le genre glamour, y’a mieux. 
Elle avait l’air d’une enfant cette nuit, et l’espèce d’un instant, infime, j’ai eu envie de la protéger. Mais, ce genre d’instinct, je le réfrène bien vite. Oh, je pourrais jouer les chevaliers servants, lui servir de grand frère, l’aider, la soutenir. Oui mais voilà, je suis le genre de garçon qui s’il se met à faire ça, tombe irrémédiablement amoureux. Et si je joue bien les amis, le rôle de petit ami ne m’est jamais accordé. Amant mouchoir oui. Coup d’un soir. Sex friend aussi, ça m’est arrivé. Mais dès qu’il s’agit de romantisme et de sentiments partagés, il n’y a plus personne.
« Je ne te vois pas comme ça. »
Hé bien désormais j’ai décidé que moi non plus je ne verrais plus personne comme ça. Voilà. Si Aphrodite, Vénus et compagnie ont décidé que je n’étais pas digne d’eux, tant pis. Rangeons nos rêves au placard.
Je crois que je devrais cuisiner la fiancée de mon cher cousin. Histoire d’en savoir un peu plus, quand même.
(non, je ne me fais pas l’effet d’être un curieux impénitent.)

lundi 12 septembre 2011

Rendez vous avec un mot : Maléfice.

Cette semaine donc, nous devions parler de maléfice. Avant de parler de mon texte, je vous invite tout de suite à lire les textes des participantes : Olivia, Aymeline, Amélie, 32 Octobre.

Pour la semaine prochaine, ce sera : pervertir. ( Là, vous avez champ libre, j'ai envie de dire : amusez vous ;) )

Cette semaine j'ai eu un peu du mal à écrire mon texte, j'ai voulu continuer celui de la semaine dernière, et si l'intrigue globale est présente dans un coin de mon cerveau, j'ai eu du mal à dégrossir le tout. Donc désolée, c'est un peu "brut". Je crois qu'il faudra que je reprenne le tout et que je le fignole un peu, mais j'avais vraiment la tête ailleurs...

Place au texte. (je vous mets brièvement qui est qui, parce que je ne suis pas sûre que ce soit super clair)

*Morgana, dont nous avons le point de vue.
*Lorem, mage, son adjoint.
*Ameryel, elfe, capitaine. [une peste, un peu]
* Grazyak, nain, capitaine.


Quelques heures plus tard, morgue du dispensaire magique.

Après avoir dû faire appel à deux agents par faute de possibilité de transporter le corps magiquement, ils étaient là, devant la victime, étendue sur une table creuse en faïence qui servait à nettoyer les corps avant de les rendre à leur famille.
          -J’ai fait appeler Monsieur Delange, risqua son adjoint.
Elle poussa un soupir résigné. Ce vieil illuminé pourrait leur être d’une certaine utilité, bien qu’il lui répugne de le reconnaître. Il passait pour un fou dans toute la communauté avec sa passion pour la nature et les squelettes d’humains ou d’animaux.
 Les meurtres, elle avait appris à les résoudre à l’académie, mais en s’appuyant sur des indices magiques. L’aura du meurtrier, laissée sur l’âme de sa victime en la tuant, la reconstitution magique, la captation d’odeur, toute une foule de procédés compliqués que les mages maîtrisaient parfaitement. Son rôle à elle, c’était plutôt de juguler ce groupe disparate qu’était la police de Fort-le-Bourg. Ce n’était pas les employés lambdas qui posaient problème, non, les fortes têtes étaient les cadres. Un mage, un nain, et un elfe. A-t-on idée de vouloir faire travailler ensemble un nain et un elfe ? Le problème, c’est qu’ils étaient compétents tous les deux quand ils ne s’écharpaient pas.
        -Je ne vois pas pourquoi tu t’es donné cette peine, lâcha Ameryel dont les oreilles pointues frémissaient d’indignation. C’est sans doute un mage nain qui a fait le coup.
Le regard de Morgana croisa celui de son adjoint, et elle eut la certitude qu’ils pensaient tous les deux la même chose et qu’il s'efforçait lui aussi de garder son sérieux. Si l’heure n’avait pas été aussi grave, ils auraient sans doute eu un fou rire . Mais ce n’était ni le lieu, ni le moment adéquat.
Grazyak croisa les bras et lança un regard noir à l’elfe.
-Il me semble plutôt que ce soit une sorcière elfe qui ait fait le coup. Question de rivalité ou de territoire, allez savoir où les vices vont se cacher chez les imbéciles des bois. D’énervement, il ferma le poing sur le morceau de pain de nain qu’il tenait dans la main qui fut réduit en miettes. Tant pis pour son encas. Pour se calmer, il avala une lampée d'un liquide ambré qu'il tentait depuis toujours de faire passer pour du café. Mais personne n'était dupe. 
Comme d’habitude, Lorem joua les conciliateurs.
   - C'est sans doute, effectivement, une histoire de magie et peut être même de sorcière. Bien que sans vouloir t’offenser Grazyak, il n’y ait jamais eu de sorcières sylvestres. Les elfes font de bons mages parfois, mais les sorcières… Ce sont des raclures de bas-fonds. Des adeptes des maléfices, des idiotes qui dansent à la pleine lune et se barbouillent de sang.
    -  Les sorcières n’existent plus, assena Morgana qui avait pâli. Elles furent mises à mort il y a déjà des siècles. Le reste n’est que rumeur. Elles étaient païennes d’accord mais de là à… Elle s’arrêta net. Ne pensez-vous pas que par respect pour la défunte nous devrions éviter de débattre ici de qui a pu bien lui infliger tout ça ?
Tous hochèrent la tête. Morgana poussa un léger soupir de soulagement. Des adeptes des maléfices hein ? Il n’y avait bien qu’un mage pour penser ça. C’était justement les mages noirs qui autrefois pratiquaient ce genre de magie nuisible. Les sorcières ne s’étaient jamais adonnées à ça. Mais comment aurait-elle pu le dire ? Elle regarda la jeune morte dont les yeux grands ouverts semblaient la percer à jour.
Pour la première fois de sa vie, elle eut envie de fuir.


vendredi 9 septembre 2011

Des mots une histoire 38


Toujours l'atelier proposé par Olivia, et la suite des aventures de mes deux tourtereaux compliqués et torturés. Un peu court ce texte, mais bon !


C’était déjà l’équinoxe de septembre, signe que l’automne était bel et bien entamé, et que l’on se dirigeait peu à peu vers les frimas de l’hiver. Il n’avait pas beaucoup revu sa comète de voisine, se contentant de la croiser, de temps à autre, quand le hasard se faisait fripon. Il se sentait un peu comme un vagabond de l’amour, qui cherche à tout prix son étoile, sans pouvoir jamais la retrouver. Quelles manœuvres adopter ? Quel jeu jouer ?
Un cupidon sadique l'avait-il pris pour cible? Cet ange de l’amour, ou plutôt d’une tocade non réciproque, ne devait pas être un joli chérubin avec un arc rondouillard. Non, il devait jouer de la sarbacane, souffler comme un bourrasque vengeresse, et distiller son poison ça et là, en flammes dévorantes.
C’est en marchant qu’il se faisait ces réflexions un peu folles qui résonnaient au son de la partition de la forêt, feuilles craquantes et bruissements, murmures de ruisseaux et plainte du vent. Alors qu’il tentait une estimation un peu désespérée de ses chances, il la vit. Foulant les cadavres orangés de l’automne de ces bottes, aussi décidée qu’un sergent-major, elle était là. Sa charade, son rébus. Ce manuscrit écrit en langue étrangère qui le fascinait tant. Comment communiquer avec elle ?
Il risqua un sourire, et avant qu’elle ait eu le temps de fuir, lui planta un baiser qui n’avait rien de doux sur les lèvres.
Il s’écarta, regardant le résultat de son assaut. Elle était écarlate, mais retenait un sourire.
« Sincèrement, finit-il par dire en brisant le silence grave. Tu ne crois pas qu’on a passé l’âge de jouer à cache-cache ? »

mercredi 7 septembre 2011

Le feuilleton du mercredi, 2

Voilà le troisième mercredi... J'essaye de petit à petit poser les bases de l'intrigue, les intervenants, de tisser quelques motifs. Vous pouvez lire les deux premiers rendez vous ici et ici. N'hésitez pas à me faire part de remarques, critiques, et autres.

Journal d'Elizabeth

"4 septembre

Dimanche, jour de repos  par excellence. Enfin, il parait. On ne peut pas dire que les miens le sont généralement. Je dois avoir été maraboutée, ou je ne sais quoi, mais les dimanches sont souvent des jours funestes.  J’ai retrouvé mon père mort un dimanche…

Ce matin, quand je me suis levée, naïve que j’étais, j’ai trouvé une saveur particulière à la journée naissante. Il était neuf heures du matin, j’avais pu dormir et récupérer de la veille, journée de folie consécutive à la rentrée proche (J’aurais mieux fait de me casser une jambe le jour où j’ai décidé d’ajouter un petit rayon papeterie à la librairie.) L’odeur du café avait empli la maison, et j’ai été ravie de voir que mon locataire avait eu l’amabilité d'en faire en grande quantité. Sous des dehors très bourrus, il a parfois des attentions agréables, et je crois que je ne vais pas lui en demander plus. Bref, j’ai pu traîner un peu dans le bureau, avec mon café et un bon livre, et après une bonne douche j’avais l’intention de continuer ainsi.
A peine avais-je enfilé un tee shirt évocateur (mon préféré, avec une image de Sade, et cette phrase « Don’t torture yourself, torture others »), et un vieux jean bien confortable, que la sonnette retentit.
Là, je me suis dit bêtement que c’était soit des témoins de Jéhovah, que j’allais envoyer balader avec mon plus charmant sourire, soit que c’était pour mon nouveau locataire. Généralement les gens savent que le dimanche matin c’est sacré pour moi, et que je n’ai pas envie qu’on me dérange, à part urgence.
J’ai ouvert la porte en souriant.
Et là, ça s’est passé un peu comme dans les films. La scène au ralenti, l’étonnement, l’effroi, l’envie de claquer la porte et de retourner se coucher.
Devant moi, un vestige du passé, que dis-je un fantôme, enfin… Bien vivant le fantôme.
Hugo. Boucles noires, sourire enjôleur, yeux aux reflets ambrés, visage à la mâchoire volontaire et nez aquilin. Il arrive parfois que j’y pense sans amertume, que je me rappelle l’avoir aimé passionnément. Et puis… Je repense à ce jour.  Et au fait d'avoir attendu, guetté son soutien aux pires heures de ma vie. Avoir appris qu’il était parti. Et sa lettre, si bien tournée, si joliment formulée, mais si creuse. Expliquant qu’il était trop jeune pour se consacrer au malheur, que je n’avais pas besoin de ses hésitations,  que je serais mieux sans lui. En somme, beau prince, il se sacrifiait.
Et voilà qu’il réapparait, comme ça, sur le pas de ma porte, comme s’il était parti hier.
Ce qui s’est passé ensuite est flou. Je viens de me réveiller, et j’écris ces lignes à trois heures du matin. Je crois l’avoir engueulé, houspillé, avoir hurlé toute ma haine. Après l’avoir mis dehors, j’ai dû me saouler. Je me demande si je n’ai pas raconté mes misères à mon locataire. J’espère que non. L’alcool me rend bavarde, et j’évite de boire généralement, un verre me rendant saoule, deux ivre, et trois carrément hors d’état de nuire.  Le pire, c’est que je suis quasiment persuadée qu’Hugo aura vu ça comme un encouragement. Si je suis si furieuse après toutes ces années, il doit penser que c’est parce que quelque chose en moi n’est pas tout à fait mort. Qu’il reste un soupçon d’amour.
Certes je l’ai aimé, mais le passé ne s’efface pas comme ça. Tous les jours que j’ai passé au tribunal, à regarder ma mère sur ce banc, en me demandant quelle était cette étrangère que je découvrais, m’ont éloigné de lui. Ils ont annihilé la personne que j'étais alors.  En étant absent, il s’est définitivement interdit une possibilité de retour dans ma vie."

lundi 5 septembre 2011

rendez vous avec un mot : crime

Nous voilà continuant pour une semaine de plus, avec le mot crime. La semaine prochaine c'est maléfice qui sera au programme. On reste dans la gamme macabre !

Vous pouvez aller lire les participations des uns et des autres : déjà celles d'Olivia (qui me l'a tellement donné en avance que j'avais oublié...), d'Amélie, d'Aymeline, 
Et de 32 Octobre, qui a persévéré !
Quant à mon texte, je n'ai pas eu beaucoup le temps de plancher dessus, mais il écrit spécialement pour l'occasion, même s'il parle d'une histoire qui est dans le tréfond de mes tiroirs d'aspirant écrivain.
C'est le début d'un roman, encore.



A priori, la scène avait de quoi être charmante. Un petit pont de pierre, un peu à l’abandon, qui jadis avait été le seul point d’entrée de la ville. En bas l’eau courait en chuchotements farouches qui se répandaient à l’infini. Ce qui frappait au bout de quelques instants, c’était l’absence de tout autre bruit. Pas de croassement, pas de trilles joyeuses d’oiseaux. La nature, à l’exception de l’éternelle eau, s’était tue. Elle savait, en avançant, que quelque chose ne tournait pas rond. L’air vibrait inhabituellement, et elle, plus qu’une autre, avait les capacités de le ressentir. Néanmoins, elle s’arrêta un instant pour admirer le soleil levant, et son cortège de couleurs écarlates. C’était peut être la dernière vision de beauté qu’elle aurait de la journée, et elle se permit de s’en repaître un moment.
Ensuite, au fur et à mesure qu’elle mettait un pied devant l’autre, voulant ne pas paraître hésitante à ceux qui l’attendaient déjà, elle remarqua le paysage changeait. Ce qui la frappa alors, ce fut l’étendue de sang que la pierre absorbait peu à peu. Puis, le peu de blanc restant d’une robe poisseuse et collée sur un corps. Et la couleur diaphane d’une peau.
Ensuite, elle remarqua l’air contrit de son adjoint. La fureur de son employée.  Se rapprochant encore, elle contempla avec tristesse le visage de celle qui avait été victime de ce crime sinistre. Une bouche faite pour sourire dans un visage en forme de cœur, des oreilles pointues d’elfe à peine cachés par de cheveux blonds. A son cou, une rougeur indiquait qu’on lui avait arraché quelque chose. Un souvenir ? Un symbole d’appartenance ? Elle le saurait vite.
Grimpant avec brio sur un bord du pont exempt de toute trace de sang, elle rejoignit le mage à barbe blanche qui lui servait de second.
-         "Explique moi tout". Souffla t-elle, doucement, comme pour respecter la presque enfant qui gisait là.
-          "Expliquer ? Il faudrait pour cela que je puisse. Pas de magie qui tienne avec elle, nous allons devoir… L’ouvrir."
Elle déglutit avec effroi. Premier cadavre, et voilà que la magie les laissait tomber. La journée risquait d’être longue… Démesurément longue.

vendredi 2 septembre 2011

Des mots une histoire 37

Cette semaine l'atelier d'Olivia a repris, et j'ai donc décidé d'y participer plus activement cette année, pour dérouiller encore et toujours ma plume, ou mon clavier.
J'ai repris les personnages utilisés pour les plumes de l'été, (précédent épisode ici) histoire de battre le fer pendant qu'il est chaud et de ne pas les oublier au placard.

Enjoy ! (ou pas)


création – orchidée – révélation – combat – cartable – bouffer – tropical – contemplation – passion – hiberner – boîte – ancien – apprivoiser – ritournelle – asphyxie – folie – ostentatoire – azulejo – chromosome – imaginer – ardoise – bouchon

Coupant court à cet élan de passion et peu décidée à se laisser apprivoiser si vite, elle s’écarta.
-         " Ce n’est franchement pas une bonne idée.  Dit-elle en tentant de reprendre ses esprits. On dit que les relations amoureuses ne se font pas entre voisins. Ce serait un peu comme passer sous le bureau et coucher avec son patron, j’imagine."

Il n’avait pas eu le temps d’imaginer une répartie, et il se retrouvait là, planté comme un benêt, à se demander encore quelle folie l’avait prise. Elle confinait presque à l’excentricité à force.
Tant pis. Il allait retourner à la contemplation des azulejos dénichés sur une brocante, et essayer de trouver ce qu’il allait pouvoir en faire. Il lui prenait parfois des envies de transformer la maison en un gigantesque cabinet de curiosités où l’ostentatoire se mêlerait à l’ancien, où les orchidées et fleurs tropicales s’épanouiraient dans des vases baroques et où l’on pourrait s’adonner à de longues contemplations mélancoliques quand il serait venu le moment d’hiberner. Il pensait aussi à faire ajouter une petite dépendance à sa maison, au toit fait de tuile d’ardoises, qui lui servirait d’atelier pour réparer les diverses trouvailles qu’il ne manquait pas de faire à droite et à gauche.
Diantre, se dit-il sans pouvoir s’empêcher d’y repenser, avait-elle cru qu’il allait la bouffer ? Alors certes, si l’on pensait à un autre sens du terme, à une façon détournée de le voir, ils auraient pu se mêler, sans aller jusqu’à penser à une création commune faite de mélange de chromosomes, après tout il ne l’avait pas non plus demandé en mariage, et il n’allait pas aller lui chanter des ritournelles sous sa fenêtre.
Non, vraiment, elle poussait le bouchon un peu trop loin. Passer d’un simple baiser, passionné certes, électrique et jouissif, à la pensée qu’ils étaient voisins, et qu’il ne fallait pas dépasser certaines limites, voilà qui était stupide.
Quelle journée… De la révélation de la perte de sa virginité, que d’aucuns auraient sans doute trouvé un peu hors contexte, à cette fuite de vierge effarouchée, elle lui aurait réservé des surprises de taille. Mais il n’était pas à un combat prêt. Ne s’était-il pas plein du manque d’originalité ambiant des gens ? Il était servi.
Et dire que c’était bientôt la rentrée… Il allait devoir reprendre son cartable d’universitaire, préparer ses cours, supporter les niaiseries de ses jeunes étudiantes en l’imaginant elle, quelque part en train de sans doute faire un coup d’éclat de plus.
Et s’il lui offrait des fleurs ? Une boite de chocolats ? Non… Banal. Terriblement banal. Et puis non. Il la laisserait mijoter. Le destin n’avait qu’à se charger de décider à sa place.