mercredi 30 novembre 2011

Le feuilleton du mercredi 13.

Louis réfléchit. Louis ergote, étudie, rêve.
J'aime Louis. C'est la première fois que je parviens à créer un personnage masculin qui ne soit pas une véritable tête à claques, et qui ne me donne pas des envies de meurtre.
La plupart du temps, je ne sais pas faire "vivre" les hommes. Mais là, même s'il n'est peut être pas assez masculin, enfin, je n'en sais rien, il me plait toujours.

Pourtant, je suis sûre que si j'étais Elizabeth, je ne verrais pas non plus plus loin que le bout de mon nez.
Mes personnages sont rêveurs.




Louis 
29/09
Je croule sous le travail ces derniers temps. Tant mieux. Mon psy dit que c’est un évitement. Que je joue les autruches, et m’exhorte à arrêter de fuir. Il est sympathique, mais ce n’est pas lui qui se retrouve au bord de l’attaque dès qu’il doit sortir de chez lui.
J’ai du mal avec les gens en général. Je ne suis pas charmant, pas sûr de moi, ou brillant. Au fin fond de moi-même, je sais que je ne suis pas un mauvais bougre, et plusieurs fois on m’a complimenté sur ma prétendue joliesse. Comme si cela pouvait être appliqué à un homme. J'aimerais être un barbare, un Conan des temps modernes, et on me compare à un chérubin. Le drame de ma vie.
La plupart du temps, je suis bien seul, dans le calme de ma chambre, qui parfois prend des allures de tanière d’ours, en plus raffiné et moins odorant, puisque je ne suis pas tout à fait chez moi. Elizabeth a beau être gentille, je ne crois pas qu’elle apprécierait de sentir à trois kilomètres les effluves mâles d’un dessinateur qui vient de passer quarante-huit heures à dessiner sans se laver, sans manger autre chose que de vieilles chips rabougries, et sans voir la lumière du soleil.
Je crois qu’Internet a tué une partie des liens sociaux. Je sais que c’est un moyen formidable de communication, mais pour les gens comme moi, c’est surtout une façon de tout avoir chez soi sans sortir. Je pourrais même me faire livrer mes courses s’il le fallait, sans bouger les fesses hors de mon antre.
Alors qu’avant, on n’avait pas le choix. Suis-je né au mauvais siècle ? Je n’en sais trop rien à vrai dire, j’aurais peut-être été un lettré terriblement ennuyeux et tout aussi ermite, si j’étais né à l’époque des lumières.
Je me demande si je ne vais pas joindre le fameux club de lecteurs de ma chère loueuse. Outre le fait que j’aimerais me remettre à lire, et que j’y rencontrerais des gens sans doute agréable, je suis curieux de la voir évoluer parmi un groupe.
Je n’y peux rien, elle me donne envie de l’étudier.

lundi 28 novembre 2011

Rendez vous avec les mots 1.

Voilà, c'est lundi, et la toute première fois que nous reprenons rendez vous. Je ne sais pas si vous aurez suivi, mais j'ai joué le jeu et fait un texte, bien court, certes...

Aymeline a joué le jeu, et j'en profite pour la remercier d'être à la fois une fidèle "lectrice" de mes blogs, une fidèle qui commente, et une fidèle pour les ateliers. Voilà ! Merci !
Finit les mercis, allez lire son texte ici. J'ajouterais d'autres liens, s'il y en a, dans la journée et la semaine (Syl a dit mardi ! Et a tenu parole, vous pouvez lire sa superbe lettre ici.

Dans quinze jours, si vous voulez toujours jouer, il s'agira de s'imaginer animal. Que vous vous mettiez dans la peau d'un lapin, qui court dans les herbes hautes, ou d'un hibou qui se réveille au soleil couchant, soyez créatifs !

J'ai concocté un petit logo, pas forcément super réussi, mais je n'avais pas les logiciels adéquats, j'ai fait avec les moyens du bord.


Place au texte maintenant.



 "Plus tard, je serais peintre.

C’était les mots qu’Etienne, rangeant les affaires de sa défunte mère, avait trouvé gravés sur un plumier en bois. Contemplant comme s’il le voyait pour la première fois, le tableau qui trônait dans le bureau de cette femme qu’il avait si mal connu, il fut pour la première fois saisi par la ressemblance de l’enfant, peinte avec brio, avec sa petite Claire. Son vif-argent, si gaie, si rapide à rire de rien, qu’on disait ressembler à sa grand-mère paternelle.
Se pouvait-il que sa mère ait été un jour aussi souriante que Claire ? Lui qui n’avait connu qu’une femme à la mine fermée, les yeux plongés dans le vide, griffonnant sans cesse des choses  qu’elle ne laissait voir à quiconque.
Il ouvrit le secrétaire, et son regard s’attarda sur une dizaine de petits carnets, soigneusement liés par un ruban.
Même s’il avait l’impression de violer un jardin secret, de pénétrer dans une forteresse interdite, il défit lentement le ruban, et ouvrit l’un d’entre eux. A la mine de plomb,  de gracieux profils, des expressions, des instants étaient saisis en quelques traits et ombres judicieusement placées.
Alors c’était ça. Son secret. Il reposa doucement cette preuve d’une mère qu’il ne connaissait pas, et s’assit.
Aujourd’hui, seulement, il comprenait les derniers mots sibyllins qu’avait prononcé la vieille dame.
« Tu la laisseras vivre sa vie comme elle l’entend, promets le moi. » Avait-elle chuchoté, de sa voix si fluette, si transformée par la maladie.
Elle avait été si différente avec Claire. Si proche, si tendre.
En retrouvant sa fille quelques instants plus tard, et en l’observant dessiner avec application, il sourit.
Oui, il la laisserait être peintre, philosophe, ou aventurière, si elle le voulait.  Tant qu’elle ne s’en allait pas trop loin, bien sûr… "

mercredi 23 novembre 2011

Le feuilleton du mercredi 12.


Voila la suite, comme chaque mercredi. Ca n'avance guère, je sais, mais ce sont de petits morceaux que je vous livre à chaque fois. Peut être pas assez? Je ne sais pas.






28/09
Elizabeth
Le quotidien a repris, calmement, comme si rien ne s’était passé d’incroyable ces derniers temps. Malgré l’amabilité de Louis, je me sens très seule. Il n’est jamais dans les parties communes, toujours enfermé dans sa chambre comme un adolescent, et quand il en sort, il est généralement muet comme une tombe.
Néanmoins, aujourd’hui, j’ai fait une surprenante rencontre. Je rangeais de nouveaux arrivages de romans de fantasy, en me demandant ce que buvaient certaines personnes responsables des couvertures, quand le carillon de la librairie a retenti. Un adolescent est rentré. Un grand brun, un peu dégingandé, avec les cheveux en bataille, des lunettes d’intellectuel, et un sourire à faire craquer les midinettes. Il m’a détaillé des pieds à la tête avant de sourire de plus belle. J’allais lui demander s’il voulait un renseignement, quand il s’est mis à parler, d’une voix étonnamment grave et calme pour son âge.
« Alors c’est vous Elizabeth ? »
Me demandant ce que ça pouvait bien lui faire, je m’apprêtais à répliquer, quand il a repris
« Je ne vous imaginais pas comme ça. A entendre mon frère parler de vous, je croyais que vous correspondiez à ces critères habituels et ennuyeux, mais non, pour une fois, vous semblez sortir du lot. » Il s’arrêta un instant, me gratifia d’un clin d’œil presque gênant, avant de reprendre. « Je suis le frère de Louis. »
Il est étonnant de penser que deux personnes aussi différentes l’une de l’autre peuvent être apparentés. Comme la boutique était vide, j’ai fait du thé, et nous avons discuté longuement. Il s’inquiète pour son aîné, d’une manière terriblement sage et touchante. Le fait qu’il se soit visiblement mis dans la tête que je sois destinée à être «  l’élue » qui apportera à Louis paix, amour et sérénité m’a fait rire, mais je n’ai trop rien dit, de peur de le vexer. Je crois que c’est bien la première fois que j’entends ce genre de discours chez un garçon. La réalité se chargera bien vite de lui remettre les idées en place, je le crains, à moins qu’il appartienne à l’espèce bénie qui trouve chaussure à son pied, sans subir ni désillusions, ni déconvenues. Cela existe, il paraît.
Je lui envie cette sérénité. Que ne donnerais-je pas pour retrouver la mienne. J’ai beau jouer les bravaches, il me semble parfois que le monde s’écroule autour de moi, sans que je puisse me raccrocher à quoique ce soit. Si seulement on pouvait remonter le temps !

mercredi 16 novembre 2011

Le feuilleton du mercredi 11


On continue, toujours et encore.
Le temps passe, mais les choses ne changent pas vraiment pour nos deux zozios. Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire d'eux? Je me prends d'affection pour Louis en ce moment, plus que pour Elizabeth. Il est peut être plus raisonnable, plus mature. Elle est un brin fantasque quand même... 
Je ne sais toujours pas où l'histoire va mener, et je l'écris par petites bribes, petites touches, comme on peint. On verra...
Cela vous plait-il toujours?


Place à notre ami Louis, quand même.



25 septembre, Louis
Je reviens du Louvre où je suis allé avec Elizabeth. J’ai un peu du mal à réaliser que je me suis laissé embarquer là-dedans. Non pas que je n’aime pas les musées, bien au contraire. J’adore ça. Etudiant, j’y passais des journées entières, et encore aujourd’hui, c’est un des meilleurs moyens de me remonter le moral que d’aller contempler quelques tableaux.
Non le problème n’est pas dans le fait de faire une sortie culturelle. Mais avec elle ? Je ne sais pas pourquoi je suis si réticent. Enfin si. Cette fille a la maturité amoureuse d’une adolescente.  Il n’y a qu’à voir la difficulté qu’elle a eu, (merci radio ragots Margot) à plaquer son ancien mec, alors qu’elle ne l’aimait pas, et qu’ils n’avaient franchement rien en commun.
Je me rassure en me disant que non, physiquement, ce n’est pas ma tasse de thé. Pas assez moderne. J’aime les filles en jean, avec de hauts talons, des vestes cintrées, et aux coiffures dénuées de sophistication. Elle est tout le contraire. Toujours en jupe ou en robe, ou à la rigueur en short si on peut appeler un short quelque chose qu’on met avec des collants… Elle a constamment une fleur dans les cheveux, ou une barrette fantaisie, un papillon, une glace, des perles, et ne reste jamais simple. Je crois ne l’avoir jamais vue sans tresses, chignons, boucles, et autres coiffures d’une autre époque. Le pire, ce sont ces chaussures. Des ballerines de gamines aux bottines victoriennes en passant par les doc martens, on peut dire qu’elle est éclectique au possible.
Aujourd’hui, c’était peut-être le summum. Elle avait emprunté la coiffure des pin ups, portait une robe à pois avec des collants  bleu électriques, et était chaussée de bottes de pluie à pois, elles aussi. Diantre. L’avantage, c’est que ça me donne des idées pour un futur personnage.  Néanmoins, je dois avouer qu’au Louvre, quand elle s’est retournée vers moi, les joues rosies d’avoir monté les escaliers en courant, et ses grands yeux brillants d’une excitation toute enfantine, elle m’a semblé bien plus éclatante que toutes les autres femmes croisées le jour même. Et je ne cesse de me demander comment fait-elle ? Si ce n’était ces courts instants de tristesse qui ombrent ses yeux, on pourrait croire qu’elle est pleinement heureuse. Est-ce une comédie qu’elle se joue ?
Ne vais-je pas jouer les Icares à continuer sur ce terrain-là avec elle ? Pour l’instant, je me sens juste des instincts d’ami protecteur. Ce qui, si cela reste comme ça, n’est absolument pas dérangeant. Mais ensuite ?

lundi 14 novembre 2011

Rendez vous avec un mot change...

Le concept comme il était au début ne me plaisant plus des masses, je pense qu'il est intéressant d'essayer de faire évoluer les choses.
Concrètement, en quoi?
Bonne question :p
Je vois plutôt ce rendez vous qui sera bi-mensuel, et plus hebdomadaire, pour vous laisser un peu plus de temps pour travailler, et une plus grande liberté, comme un atelier d'écriture au sens large du thème.
Donc, ce sera rendez vous autour des mots, et nous pourrons aussi bien nous inspirer d'une peinture, que d'un thème saisonnier, d'un concept, d'une citation, ou d'un procédé.
Quelque chose donc de libre, et vous pourrez d'ailleurs si vous le voulez proposer des thèmes, ou me dire de quoi vous avez envie. J'aimerais que ce soit très participatif, si l'on puis dire.

Donc pour dans quinze jours, à savoir le lundi 28 novembre, j'ai choisi un tableau, que j'aime particulièrement, de Bouguereau qui s'appelle "A calling" "Une vocation". Il est assez moderne pour être intemporel, même s'il date de 1890. Il suffira donc d'écrire un petit texte sur ce personnage, qui elle est, quelle est sa vie, ou quelles sont ses pensées... On peut aussi imaginer ce qu'elle est en train de dessiner, ce que sera son futur. Sera t-elle peintre? Sa famille le permettra t-elle? On peut imaginer le récit de quelqu'un qui parle d'elle à un troisième personnage. Bref, vous avez liberté totale.


Voilà, j'espère que l'évolution vous plait, vous intéresse...

Je ferais un nouveau logo, et une page pour cette nouvelle aventure, dans la semaine.

samedi 12 novembre 2011

Les plumes épistolaires 2

Aujourd'hui vient le moment des réponses dans l'atelier organisé par le duo de choc Asphodèle-Aymeline, et j'ai choisi de répondre à Aymeline justement, et à Dracula, donc. (vous pouvez lire sa lettre ici.)
Je me suis bien amusée en écrivant la lettre, j'espère que ce sera votre cas en la lisant, surtout la principale concernée.
Je suis curieuse de voir les autres réponses, ça et là, je pense que nous aurons de bonnes surprises.

Bonne lecture !





                                                                Monsieur le Comte,

L’aimable docteur qui nous suit tous les deux pour des raisons plus ou moins similaires ayant décidé que nous devions échanger par écrit, dans un but semblable à ce qu’il appelle thérapie de groupe, j’ai pris la plume.
Je me nomme Amaury de Tarens, et comme vous, je suis vampire. Oh bien sûr, je ne prétends pas vous arriver à la cheville, et je ne peux être qualifié que de jeune recrue. Je suis un enfant du dix-huitième siècle, pensez-vous…
Nous souffrons visiblement de ce que l’on pourrait appeler le mal de l’immortel, qui se retrouve un jour incapable de comprendre un monde qui lui échappe. Nous voilà condamnés à observer une humanité qui s’éloigne de plus en plus de ce que nous avons connu quand nous vivions. Comment comprendre cette fascination qu’ont les jeunes pour nous ? Quelle morbidité les habite ? Je crains que ce ne soit l’œuvre de quelques écrivains, qui ont façonné le mythe que nous sommes, au gré de leurs envies, et qui ont fait de nous des êtres romantiques, capables d’aimer, alors que nous sommes des créatures sans âme, jugulées par la seule envie du sang, ce liquide si ensorcelant.
J’ai bien essayé de devenir ce que les humains pourraient appeler végétarien, mais honnêtement, les animaux ont un goût trop sauvage, trop musqué pour mon palais. Et puis, l’amusement n’est pas le même. Ensorceler, lutter pour la conquête d’une femme ne sera jamais la même chose que chasser le cerf, les libertins l’avaient bien compris. Alors que devons-nous faire cher ami ? Lancer une pétition pour la rééducation en masse du peuple ? Pour la réintroduction des mythes et des légendes, ou perpétrer un petit massacre de masse pour que nous soyons jugés enfin tels que nous sommes ? Des prédateurs et non pas des joli-cœurs cultivés et galants…
Peut-être pourrions-nous fonder un club, une ligue, ou je ne sais quoi. Une association caritative en faveur des vampires et de leurs intérêts.  Il semblerait que ce qu’ils appellent Internet soit maintenant une arme, devrions nous l’utiliser ?
En espérant ne pas vous avoir importuné, et que notre docteur ne vous ait pas forcé à lire la présente missive (si c’était le cas, il subirait mon courroux).

                                                                                                  Amaury, immortel parmi tant d’autres…

mercredi 9 novembre 2011

Le feuilleton du mercredi 10

Désolée de ma non présence ces derniers temps, je n'écris pas grand chose de bon, et surtout rien qui puisse être partagé. 

Je réfléchis toujours à l'atelier du lundi, et je commence à être proche d'une idée stable. Je vous en parle lundi, justement.

En attendant, place à Elizabeth, qui tâche de surmonter, comme elle peut, ce qu'elle vit.






 
 Elizabeth.

22 septembre.
Voilà. Tout est fini. La cour a confirmé le premier jugement.
Elle n’ira pas en cassation. Elle n’est pas si bête. Si elle veut sortir vite, elle a intérêt à se faire oublier, à faire preuve de perfection. Je n’ai pas de doute, elle saura jouer la comédie. Etre la parfaite prisonnière. S’impliquer. Mais je suis tranquille encore dix ans. Ensuite, elle pourra sortir, et je ne sais pas trop ce qui se passera. Je crois que je ne veux pas y penser. 
Quand je suis rentrée hier, il y avait un plat de lasagnes au four, et une bouteille de vin blanc au frais. Du doux, bien sûr. Ma messagerie était pleine, mais je n’avais pas envie d’écouter les marques de sympathie qu’elle devait contenir. Je me suis juste mis Orgueils et Préjugés en dvd, et j’ai mangé un peu, en me forçant, et en buvant raisonnablement. Je me suis endormie, l’alcool aidant.
En me réveillant ce matin, je me suis demandé qui avait cuisiné ? Préoccupée par ces quelques jours atroces, j’en avais oublié que Margot ne vivait plus là. Est-ce qu’elle a apporté un plat ici ? Où est ce que c’est Louis qui a enfilé un tablier ?
Ce garçon est de plus en plus bizarre. Il est toujours aussi discret, et parfois je pourrais croire vivre seule, mais voilà, il a des attentions qui font toute la différence. Je ne le comprends pas. Pourtant, je me targue d’être capable, au bout d’un moment, de saisir l’essence même d’une personne, et si j’ai parfois à première vue de gros préjugés, je finis toujours par bien connaître les gens. Mais lui ?
Je me demande s’il n’a pas vécu quelque chose de dur. Il a ce vide au fond des yeux bien caractéristique. Je ne sais pas si je dois chercher à aller plus loin. Mais je peux toujours essayer d’en faire un ami…
Ce procès m’aura au moins permis une chose. J’ai quitté Etienne. Il n’a pas compris qu’il m’avait facilité la chose en étant absent pour moi ces derniers jours. S’il avait été plein d’amour et de petites attentions, peut être que j’aurais eu des scrupules. Je dois arrêter de craindre la solitude. M’affronter. Faire face. Y arriverais-je ? Rien n’est moins sûr.

 

mercredi 2 novembre 2011

Le feuilleton du mercredi 9




 Je reprends le feuilleton du mercredi, là où je l'avais laissé, il y a deux semaines.

Louis
20 septembre.
Hier, en rentrant d’une soirée, je l’ai trouvée endormie dans le salon, entourée de ses deux chats. Elle avait des traces de mascara sur les joues, et avait dû s’endormir en pleurant. J’ai étendu une couverture sur elle, et me suis réfugié dans ma chambre. L’une des boules de poils m’a suivi en ronronnant, comme si elle sentait que je ne voulais pas être seul. Les chats sont-ils empathes ? Je n’en avais jamais eu jusqu’à présent, mais j’ai bien l’impression que je suis entré dans le club des gens gagas des félins. Perdu pour la cause. J’étais en train de parler sur msn avec Thibault, qui me demandait des conseils amoureux (je ne suis pas sûr d’être le mieux placé pour ça… Mais allez lui faire comprendre !), quand mon portable a sonné. Margot. Qui s’inquiétait de comment réagissait Elizabeth au procès. Elle ne répondait pas au téléphone. Après lui avoir dit qu’elle dormait, et m’être débarrassé d’elle, je suis resté un instant interdit.
Merde. Sérieusement, je suis très con. Ou égocentrique. Comment ai-je pu louper ça ? On vit sous le même toit, et je ne remarque même pas ce genre de choses ? Elle a dû se sentir désespérément seule ce soir. Elle aurait dû avoir une épaule sur laquelle pleurer. Mais mince, elle a un mec non ? Il était où ? Et l’autre, boucles brunes ? S’il veut tant la reconquérir, il aurait dû profiter du créneau. Les hommes ont-ils perdu leur côté galant ?
Je crois que j’ai trouvé aussi seul que moi. On a le même âge ou presque, deux abîmés de la vie, deux solitaires endurcis. Je crois qu’elle me fait peur. Je ne me lâche jamais. Toujours sur mes gardes, calculant, étudiant, pour ne pas souffrir. Elle, elle a l’air de se donner à corps perdu. Dans tout ce qu’elle fait. Que ce soit son job, ou avec ses amies. Son tableau noir dans la cuisine en témoigne. Il fourmille de rappels, d’idées pour remonter le moral de l’une, de l’autre. Je me demande bien qui pense à elle. Margot, bien sûr. Mais Margot n’était pas là ce soir. Je veux bien qu’elle soit en couple, mais elle n’aurait pas pu passer voir son amie ? Lui déposer un plat qu’elle n’aurait eu qu’à réchauffer, pour être sûre qu’elle mange ? C’est bien joli de vouloir m’impliquer là-dedans, mais j’ai comme l’impression que c’est pour se décharger, pour ne pas culpabiliser.
Et de tout ça, comment vais-je en ressortir ? Ais-je seulement le droit de ne pas m’impliquer ? C’est trop tard je pense. Et je sais que si je fais un pas de plus, ça va mal finir pour moi. Je dois lutter.