Quand vient la fin de l'été... Voilà, les plumes c'est fini jusqu'aux prochaines vacances. Cela va me manquer, même si je continuerais les ateliers et autres défis ( Lundi avec rendez vous avec un mot, mercredi avec mon feuilleton personnel dont vous pouvez lire le premier épisode là, et avec sans doute l'atelier d'Olivia.)
Néanmoins aujourd'hui c'est le jour d'Asphodèle, et de nos plumes en H. Les mots n'étaient pas piqués des hannetons, une fois n'est pas coutume et la tache a été harassante. J'en ai sorti quelque chose qui est venu tout seul, parce que comme d'habitude j'ai été intuitive. Je dois apprendre à retravailler mes textes...
HÉSITER – HURLEMENT – HUMAIN – HÉLICOPTÈRE – HIRSUTE – HÉCATOMBE – HONNEUR – HONGROISE – HASCHISCH – HARMONIE – HUMBLE – HÉRISSON – HYPOTHÈSE – HUMILIATION – HANTER – HARIDELLE – HASARD – HYÉMAL (E) ou HIÉMAL(E) – HALO.
Il avait clairement mal lu son regard, et s’il avait été une plante hiémale, il se serait tout à fait senti à son aise dans le froid givré qui régna pendant la fin du repas.
Il allait tenter de la dérider un peu en se lançant dans une hypothèse farfelue sur la proche fin du monde, sujet qu’il utilisait très régulièrement pour se sortir de silences embarrassants, quand une sonnerie stridente retentit.
Elle hésita un instant, contempla le nom qui s’affichait sur son portable.
- "Tu ne réponds pas ?" Demanda-t-il avec curiosité.
- " Si."
Elle quitta la table pour se placer à la fenêtre, de sorte qu’il n’entendait pas ce que son interlocuteur pouvait bien lui dire. Le soleil était revenu, et dessinait un halo sur les cheveux de la jeune femme, qui semblait tout droit sortie d’une version revue et corrigée d’un tableau en clair-obscur. Elle tortillait une mèche de ses cheveux qu'elle avait enlevé au savant fouillis qu'était sa coiffure. Encore une particularité de plus, cette façon toute désuète d'arranger ses cheveux.
- « Je me fous que tu doives t’occuper de ton haridelle hongroise. Ce n’est pas parce que nous avons été fiancés brièvement que je suis devenue corvéable à merci. »
Il y eut un silence, pendant lequel la personne au bout du fil du essayer de se défendre, avant que les hurlements reprennent.
-« Je ne sais pas quelle variété de haschisch tu as ramené de Hollande, mais tu ferais mieux la prochaine fois de plutôt penser à acheter des plants de tulipe à la place, ou du gouda. Ta mère aime ça. Je suis un humble être humain, Ryan, et il est hors de question que tu essayes de m’acheter à coups de culpabilisation. Je te rappelle que c’est toi qui m’a quittée. Il y a quelques années déjà… Et ce que tu m’as forcée à faire continuer de me hanter… » Un autre silence. « Et puis merde. Va au diable voir si j’y suis ! »
Elle revint à table, consciente de l’humiliation qu’elle venait de s’auto-infliger. Elle avait hurlé comme une bougresse devant cet homme séduisant, et sans doute annihilé toute possibilité de relation avec lui. Bien joué.
- « Tu m’expliques ? Demanda-t-il en croquant comme si de rien était dans un biscuit. »
- « Oh… Je ne suis pas sûre que ce soit particulièrement intéressant. » Elle rougit.
- « Tu plaisantes ? Je veux tout savoir de ce pauvre bougre qui vient de subir tes foudres… »
Après avoir hésité un long moment, elle se lança dans le récit de ces deux années étranges où elle avait été fiancée avec un aventurier, de ceux qui vous font faire des baptêmes de l’air en hélicoptère, des sauts en parachute, mais qui sont assez tendres pour sauver des hérissons de la noyade.
« J’ai rencontré Ryan lors de ma première semaine de fac. Nous étions tous les deux dans le même cours d’anglais, et comme par hasard celui-ci avait été annulé. Comme j’étais coincée en ville jusqu’à ce que je puisse rentrer avec ma colocataire de l’époque, il m’avait invité à attendre chez lui, pour prendre un thé. J’étais particulièrement naïve en ce temps-là. Je n’y avait vu que de la gentillesse naturelle. Certes, je l’avais trouvé beau avec ces cheveux hirsutes, et j’avais jugé l’harmonie de ses cheveux bruns et de ses yeux verts du plus bel effet, mais j’étais surtout obnubilée par ma lecture du moment, et je lui avais demandé sans ambages si je pouvais lire tranquillement. J’avoue que c’était terriblement malpoli. Cela ne l’avait pas vexé du tout, bien au contraire, il devait m’avouer plus tard que c’était ce qui avait achevé de le séduire chez moi. Cette espèce d’impolitesse toute intellectuelle.
Il m’avait alors proposé de sortir avec lui, ce que j’avais décliné. Pourtant, il était du genre à créer des hécatombes de filles autour de son passage, et j’aurais dû penser que c’était un honneur qu’il me faisait. Mais non. Quelque chose me gênait chez lui au départ, et j’aurais dû garder ce sentiment et ne pas me laisser endormir… Enfin bref, j’ai fini par céder, nous avons couché ensemble, comme j’étais vierge il s’est senti flatté, un soir de saint valentin trop arrosé il m’a demandé en mariage, et nous avons été fiancés quelques temps. Jusqu’au jour où je l’ai retrouvé au lit avec la professeur d’anglais. Celle qui avait été absente ce fameux jour… J’ai pris mes cliques et mes claques, changé de fac, et depuis, je n’arrive pas à m’en débarrasser. Une histoire stupide non ? Néanmoins, il m’a fait vivre quelques aventures… »
Elle s’était levée pendant son récit et avait marché nerveusement de long en large dans la pièce, se demandant pourquoi elle lui racontait tout ça. Quel était donc le pouvoir qu’il possédait pour la faire sortir de son mutisme ? La fin de sa dernière phrase coïncida avec l’instant où elle passait près de lui. Il se leva, l’attrapa par la taille pour l’approcher de lui, et la regarda avec attention.
« Qui êtes vous ? » Lui demanda t-il avec sérieux en essayant de lire en elle. D'attirance, il était passé à la fascination évidente. Il lui fallait cette femme. La décrypter, la comprendre. Peut être même l'aimer, si elle le laissait faire.
« Votre voisine… »Répondit-elle en déglutissant difficilement, trop consciente de leur évidente proximité.
"Après tout, je m’en fous." se dit-il avant de poser la main sur sa nuque et de l’embrasser.
Leur premier baiser avait le goût de ses promesses et elle oublia tout de suite sa colère. Il n’y avait plus que lui, et le goût amer du chocolat noir que dégageait sa langue encore chargée du dessert. Un avant goût de paradis…
Ah là là , sortir avec la voisine!! erreur grossière comme les liaisons au travail, ça finit par te pourrir la vie et tu es obligé de déménager ou de changer de job !! :)
RépondreSupprimerCeci dit pour une écriture intuitive, c'est drôlement bien troussé !!
Impossible d'arriver avant l'Ami lyonnais ! lol !
RépondreSupprimerIl a fait vite, ce matin, pour faire son tour des blogs !
Ben, Antiblues a tout dit, pas le patron, pas le voisin, mais où faut-il donc chercher les hommes ? lol !
Y'aura-t-il une suite aux prochaines vacances d'écriture ?
Bises de Lyon
C'est très bien écrit, j'aime beaucoup... Bravo...
RépondreSupprimerQuelle histoire ! On aimerait bien que cette fois-ci, l'histoire avec le voisin se poursuive mieux que celle avec le copain de fac... En tout cas, c'est très très bien écrit !
RépondreSupprimerTrès jolie fin d'été poour ces amoureux qui se cherchent ! Bon, ok avec les autres, le patron non, mais le voisin ? N'y avait-il pas, "à,l'époque" (comme dirait Jen !) un vieil adage qui disait qu'il valait mieuxépouser son voisin de palier ...!!! Bravo pour ce joli texte, très agréable.
RépondreSupprimerTu m'as emportée dans ton histoire, et tant pis pour le voisin, si ça ne fonctionne pas, il n'aura qu'à déménager, non mais !!! BRAVO.
RépondreSupprimer"assez tendres pour sauver des hérissons de la noyade." j'aime comment tu as placé ce mot ! :-)
RépondreSupprimerUn joli texte, tout en douceur.
Une fin d'été en beauté bravo ! Si l'épisode de l'ex n'a pas stressé le voisin c'est plutôt bon signe pour eux ^^
RépondreSupprimerMa chère Eiluned, quelle verve ! Tu nous enchantes d'épisode en épisode ! Et bien sûr que je vais suivre ton blog d'écriture, je vais avoir plus de temps ! Bon là je vais me reposer, car j'ai dû lire une dizaine de textes déjà, je reviendrais relire un peu mieux le tien ! Biises et merci de ta fidélité pendant cet été...qui s'achève, Les Plumes de l'automne sortiront aux premiers frimas...
RépondreSupprimerTrès agréable et bien écrit, mais je crois que le voisin devrait réfléchir avant toute chose parce que la voisine, quelle galère 8)
RépondreSupprimerle début d'une histoire dont j'attendrais la suite avec impatience. Jusqu'à la Toussaint? C'est loin le I...
RépondreSupprimerD' accord avec Antiblues : pas le voisin. Même s' il a goût de chocolat!
RépondreSupprimerQuant à l' ex, avec un prénom pareil, l' a pas réussi à se sauver ?
Antiblues : Mais non, au pire il lui suffira d'ériger une muraille autour de chez lui, et si ça se finit mal, il ne la verra même pas :) Merci du compliment en tout cas ^^
RépondreSupprimerPlume : Une suite pourquoi pas, pour voir si un d'entre eux va déménager ou pas :D
Miss So : Merci beaucoup !
Amélie : On verra ! Et merci :)
Jeneen: Et puis c'est pratique en plus, pas besoin de prendre sa voiture pour aller faire une petite visite de courtoisie et plus si affinités. Je n'y vois que des avantages !
Rêva : Bien dit ! Et puis, ça peut bien se passer !
Olivia : Merci... C'est un des mots que j'ai eu le moins de mal à placer, cela doit se sentir.
Aymeline : Non, ça l'a plutôt fasciné, donc effectivement bon signe ;)
Asphodèle : Rohhhh merci ! Vivement cet automne, nos plumes se pareront de couleurs flamboyantes, cela risque d'être fort joli.
Jean Charles : Certains hommes aiment ce genre de femmes. Au moins on ne s'ennuie pas avec elles :)
32 Octobre : Oui c'est loin ! Il n'est pas dit que je ne les reprenne pas avant, on verra, bien que j'avoue ils sont pour moi des plumes de l'été, pas dit que je n'aurais pas l'impression de faire des infidélités à notre amie Asphodèle si je les employais autrement.
Pierrot Bâton : Ah mais le goût de chocolat, c'est irrésistible ! Pour l'ex, je dirais plutôt que c'est elle qui s'est sauvée... Et puis il n'était pas soldat ;)
Décidément, j'ai un faible pour les histoires d'amour, surtout quand elles sont bien racontées...
RépondreSupprimeret bien, une colère, du déballage.. çà s'est accéléré entre eux ! Raconter sa virginité perdue, c'est pas rien, normal qu'il fut titillé et l'a embrassé ! Le feu était passé au vert ! :-) Douce soirée..
RépondreSupprimerCelestine : Moi aussi ! J'adore les histoires d'amour... Par contre, vu que c'est mon oeuvre, j'y trouve une multitude de défauts.
RépondreSupprimerElla B : C'était même un gros panneau clignotant qui indiquait "kiss me". De là à ce que ça dure, pas sûr ^^
Et ben ! C'est super ! Longue vie à nos deux tourteaux !
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