Celui de la semaine prochaine à eu du mal à venir, je ne sais pas pourquoi mais le programme générateur de mots m'a donné tout un tas de choses très farfelues (lénacide, actinide, emmascaradé... Et j'en passe.) J'allais me décider à prendre un vrai dictionnaire, ou à demander un mot au hasard à quelqu'un, quand je suis tombée sur crime. Là, je me suis dit que c'était exploitable sans attraper de cheveux blancs. Allez faire un texte sur l'actinide, franchement !
Donc pour la semaine prochaine CRIME. Du sanglant ou pas, du polar au thriller, de la tragédie au macabre, j'espère que nous aurons de beaux textes, et n'en doute pas.
Cette semaine plus de participants qu'à l'ordinaire, ce qui me ravit fortement. Allez faire un tour chez Amélie (qui a fait d'une pierre de coup en mixant les plumes et ce rendez vous), Olivia, 32 Octobre et Aymeline.
Mon texte est pour une fois un "one shot" et n'appartient à aucune histoire en particulier. Il s'est juste imposé.
Assise en tailleur sur le tapis qui l’avait vue en partie grandir, elle laissait le soleil d’hiver la réchauffer un peu, regrettant qu’il ne puisse pas dissiper le nuage qui l’avait emplie.
Elle était là, seule, perdue, dans cette maison si froide que son souffle créait des volutes dans l’air.
Etalées devant elle, des piles de lettres, photos, souvenirs, ayant appartenu à son grand père. Le vieil homme venait de mourir, sans qu’elle puisse lui dire un dernier au revoir, sans qu’elle le remercie encore une fois d’avoir été si présent dans sa vie. Il était mort seul. Luttant contre le sanglot qui naissait dans sa gorge, elle monta un peu le volume de son baladeur mp3, se laissant emplir par les sons de la nature, artificiels mais si rassurants. On la taxait souvent de bizarre quand elle avouait qu’elle écoutait bien souvent ce genre de « musique ». C’était sa méthode de relaxation à elle, qui marchait quand elle le voulait bien.
Alors que dans ses oreilles l’orage se mettait à gronder, elle arrêta sa main sur la photo d’une femme, probablement prise dans les années 1970. Son sourire semblait déborder du cadre de la photo, et emplir la pièce. Elle était belle, plutôt petite, ronde, à la bouche pleine et aux grand yeux ourlés. Elle avait été immortalisée au bord de la mer, et elle regardait comme fascinée, les vagues se briser sur ses pieds.
Qui pouvait bien être cette femme ? Elle retourna la photo.
Marie, 1972.
Autant qu’elle s’en souvienne, on ne lui avait jamais parlé d’une Marie parmi les amis de ses grands-parents, qu’elle avait de plus côtoyés en étant enfant.
Elle jeta un regard vers son téléphone, se demandant si c’était bien la peine de déranger sa mère pour ça. Elle n’en saurait sans doute pas plus. Il lui fallait continuer à fouiller.
Après une heure sans trouver de piste, elle se fit un thé, avant de se remettre à l’ouvrage.
Après une heure sans trouver de piste, elle se fit un thé, avant de se remettre à l’ouvrage.
L’odeur épicée du thé de Noël s’était mêlée à la caractéristique senteur des papiers vieillis.
Quand elle les trouva, son cœur fit un bond. Des lettres. Toutes contenues dans une pochette très élégante, qui ne correspondait pas tout à fait aux goûts de son grand-père. Elle l’avait connu plus sobre. Certes, c’était raffiné, mais l’étui avait un petit côté ostentatoire qui ne lui allait pas. Elle se mit à douter. Et si elle allait apprendre des choses qu’elle ne voulait pas savoir ? Qui allait briser ses illusions ? Elle n’en avait pourtant plus beaucoup. Les rocs sur lesquels elle s’était appuyée enfant, s’étaient bien vite brisés à peine sortie de l’enfance, et elle savait maintenant que personne n’était à l’abri de la chute.
Cette branche de la famille, la sienne, était jugée comme maudite. Trop de malheur pour si peu de personnes. Deuils, dépressions, morts, secrets. Des choses qui inconsciemment l’avaient rongée, et qui encore aujourd’hui l’empêchait d’avancer. Allait-elle s’écrouler si un peu plus de désillusion entrait dans sa vie ?
Elle se morigéna. Elle devait se raccrocher à la partie forte de sa personne. Celle dont les racines bien ancrées la faisaient tenir.
Elle ouvrit la pochette.
Mon amour, était-il écrit d’une écriture féminine.
Je ne sais si je pourrais encore tenir très longtemps à ce rythme. Ton absence est cruelle. Nous nous voyons chaque jour, passons des heures dans la même pièce, mais sans pouvoir clamer haut et fort le lien qui nous unit.
Je sais ce que tu dois abandonner pour penser à vivre avec moi, mais tu ne peux pas tout avoir… Si elle n’était pas là, ce serait plus simple évidemment…
Elle n’en lut pas plus, et regarda la signature. « Marie. » Elle parcourut rapidement les autres lettres, et y lut la preuve qui lui manquait. Ces lettres étaient bien adressées à son grand père. Qui était marié. Père.
Elle se colla un peu plus au mur, comme s’il allait la soutenir, et lança un regard de reproche à la photo de famille qui trônait sur le bureau. Sa grand-mère et son grand père souriants…
Pourquoi fallait-il que même les choses auxquelles elle avait cru le plus s’effondrent ? Si elle ne croyait plus depuis longtemps au couple de ses parents, elle avait toujours vu un modèle de perfection à n’approcher ne serait-ce qu’un peu chez ses grands-parents. Elle ne pouvait s’empêcher d’être déçue.
Elle froissa la lettre, qu’elle envoya dans la corbeille. Une citation d’Homère lui revint en mémoire. « Laissons le passé être le passé. »
Elle sortit de la pièce, qu’elle referma derrière elle. Demain, serait un autre jour.
un beau texte où on apprend qu'il ne faut pas remuer le passé. Bien choisie la citation d'Homère. @ la semaine prochaine
RépondreSupprimerIl ne sert en effet à rien de vouloir en savoir plus, puisque rien ne peut être changé. Et si le couple a su donner l'illusion du bonheur aux enfants et petits-enfants, n'est-ce pas là tout ce qui importe ?
RépondreSupprimerPeut-être que de savoir finalement lui permettra de mieux comprendre ce qui est arrivé à sa famille ? Je te redonne mon lien (je l'ai mis hier soir mais c'était trop tard pour ton billet) : http://arieste.over-blog.com/article-rendez-vous-avec-un-mot-passe-82567324.html
RépondreSupprimerUn très beau texte, où les secrets de famille se trouve là où on ne les attend pas...
RépondreSupprimer32Octobre : Merci ! J'aime beaucoup cette citation :)
RépondreSupprimerOlivia: Oui tout à fait.
Aymeline : C'est marrant ton lien n'est pas apparu tout de suite hier Oo Très bizarre.
Amélie : C'est souvent le cas avec ce genre de secrets...
Pour crime, a priori ceci : http://desirdhistoires.wordpress.com/2011/09/05/ce-nest-pas-un-crime/
RépondreSupprimerAH ah ! Je vois qu'Olivia est déjà prête ! Dès qu'il s'agit de crimes, hum hum, elle a la plume plus leste ! :)
RépondreSupprimerQuant à ce très beau texte je dirais simplement de fermer la porte au nez au passé s'il doit ne nous apporter que des cauchemars et ouvrir plus grand celle du présent qui s'ouvre sur nos rêves à venir...Mais connaître l'histoire de ses racines, aussi noueuses soient-elles nous permet de nous "désencombrer" l'esprit ! Je vais voir pour crime, je ne suis pas sûre d'y arriver !
Olivia : Le moins qu'on puisse dire c'est que tu n'es pas en retard ! J'ai hâte de lire !
RépondreSupprimerAsphodèle: Le passé nous construit, mais il faut savoir s'en détacher... Ce qui n'est pas forcément évident remarque !