Avant de vous laisser avec le début de ce qui sera une saga sur les mercredis à venir pendant quelques temps, je pense, (sauf si vous me dites que c'est absolument cliché et que je ferais mieux de retourner à mes petits points au lieu de penser à écrire), je vous invite à aller lire la page dédiée au feuilleton du mercredi pour plus de précision. Et maintenant, voilà le début des aventures d'Elizabeth !
Jour 1
" Jeune femme de vingt-cinq ans cherche « colocataire ».
Dans une maison de 100m² en centre-ville avec petit jardinet, propose chambre + accès au parties communes et à une bibliothèque fournie. Loyer de 600 euros charges comprises. Possibilité de partager les frais de nourriture et accès au wifi. Phobique ou allergique aux chats ou aux livres s'abstenir. Non-fumeur ardemment recherchés. "
Voilà l’annonce stupide que j’ai passé il y a maintenant un mois et demi. Un peu avant que Margot ne me quitte… (pour habiter avec son fiancé, ce que je pardonne volontiers.)
Devant le vide béant qu’elle a laissé, elle qui était ma confidente, à son grand dam parfois, je le crains, j’ai décidé d’être diariste. Après tout, des gens très bien l’ont été. Voire même des hommes et des femmes de lettres. Tenez, George Sand par exemple ! Alors pourquoi, moi Elizabeth Tales, je ne pourrais pas écrire un journal ? Je vous le demande ?!
Cela m’occupera et m’évitera d’abreuver de messages, mails, et coups de téléphone mes pauvres amies qui n’ont pas mérité d’avoir une harceleuse du dimanche sur le dos. Je ne supporte pas la solitude. Elle m’affole, me donne le sentiment d'être la seule âme errante sur terre, et m'oblige à aller me réfugier sous la couette. C’est sans doute pour ça que j’ai deux chats, respectivement nommés Wentworth et Darcy, et que je fais le doux métier de libraire.
Mon petit ami, (diantre que cela sonne enfantin…) pense que je m’entête à conserver la librairie parce qu’elle m’a été léguée par mon père, qui la tenait de son père, qui lui-même… Un lieu familial. Alors certes, j’y tiens comme à la prunelle de mes yeux, mais c’est également parce que j’aime ce que je fais. Passionnément. Je ne me vois pas faire autre chose.
Enfant je ne voulais pas être princesse, archéologue, ou autres joyeusetés de ce genre. Je voulais soit être muse, soit épouse de châtelain. Néanmoins comme je n'ai ni trouvé d'artiste à inspirer, ni d'héritier de demeure ancestrale à subjuguer, je me cantonne à ce que je sais faire de mieux. Parler des livres. Ces voleurs de temps qui à l'aide de quelques mots vous attachent à eux jusqu'à ce que vous soyez définitivement perdus. Je les aide à perdre les gens un peu plus...
Enfant je ne voulais pas être princesse, archéologue, ou autres joyeusetés de ce genre. Je voulais soit être muse, soit épouse de châtelain. Néanmoins comme je n'ai ni trouvé d'artiste à inspirer, ni d'héritier de demeure ancestrale à subjuguer, je me cantonne à ce que je sais faire de mieux. Parler des livres. Ces voleurs de temps qui à l'aide de quelques mots vous attachent à eux jusqu'à ce que vous soyez définitivement perdus. Je les aide à perdre les gens un peu plus...
Etienne, comme l’on nommé de manière désuète ses parents, voudrait que je travaille dans la société de son père, sous prétexte que je suis une vendeuse née. Je me demande vraiment parfois si nous vivons sur la même planète lui et moi. C’est un vrai courant d’air, toujours entre New York et Paris, jet largué, mélangeant anglais et français. La plupart de mes amies, que dis-je, toutes mes amies, l’ont en sainte horreur, et me conjurent de le quitter . Ce que j'essaye de me résoudre à faire, parce qu'elles n'ont pas tort, mais à chaque fois, je me perds dans l’abîme de ses yeux, et je remets ça à plus tard. Et puis, l’amour c’est aussi apprécier les différences de l’autre non ? Du moins… Je crois.
Pour en revenir à la fameuse annonce, j’ai, depuis, vu défiler un nombre incalculable de ces gens qui me font me demander si je suis tout à fait normale. Des étudiants fêtards qui m’ont regardée de travers parce que j’ai dit que non, envisager de donner des fêtes tous les soirs n’était pas une bonne idée du tout, à une apprentie banquière qui m’a demandé à quoi me servaient tous ces vieux livres. La pièce les contenant aurait gagné, d'après elle, à être transformée en une chambre de plus, que j’aurais pu louer, ce qui m’aurait rapporté une autre source de revenus. Sans compter l’idiot qui m’a dit qu’il était dommage que la librairie ne soit pas un magasin de jeux vidéo. « Sérieux, y’a encore des gens qui lisent sur papier ? C’est juste trop relou. » A-t-il dit d’un grognement qui s’apparentait à une tentative de dialogue.
Je me fais l’effet d’une vieille rombière à écrire ces lignes. Vraiment.
Le lendemain.
Jour 2.
A peine avais-je reposé mon stylo hier, parce que oui, j’écrirais ce journal sur un vieux carnet, et non pas sur mon ordinateur, au cas où un malandrin me le vole, je tiens à ma vie privée, bref, hier , j’ai trouvé un locataire.
Enfin, trouvé. Je me comprends. Disons que Margot m’a téléphoné et m’a suppliée d’accepter le cousin de Florian. Un dessinateur. Apparemment il a négligé de se trouver un nouvel appart et il doit rendre ses clés dans deux jours. Autant dire que c’est une situation d’urgence, et que je n’allais pas dire non. J’aurais préféré vivre avec une fille. Je n’aurais pas eu de scrupules à me balader en pyjama à pois ou en petit short et brassière, quand il fait trop chaud. Mais un locataire masculin implique d’être décente, sinon, il pourrait bien se croire harcelé sexuellement, on ne sait jamais.
D’après ce que m’a dit ma très chère amie, ce n’est pas vraiment un cadeau qu’ils me font. Elle a été honnête, c’est déjà ça. Il semble qu’il soit plus de la tendance brun ténébreux option mutisme que solaire, amical et rieur. Il ne deviendra sans doute pas le frère à qui je confierais mes peines en mangeant de la crème glacée. J’aime les clichés, dommage. Nous aurions pu aussi déguster des scones en buvant de l’earl grey, je ne suis pas difficile. Rien ne vaut un bon thé bu en observant la pluie tomber.
Apparemment, il s’appelle Louis. Oui, comme le vampire des chroniques d’Anne Rice. Cela m’étonnerait qu’il soit aussi désabusé de la vie que son homonyme de papier. Du moins, je l’espère.
Et puisqu’il arrive demain, je vais devoir m’adonner à l’activité la plus détestable du monde : faire le ménage ! Si je me tortille en passant l’aspirateur, je devrais au moins éliminer les quelques macarons que j’ai englouti. Ce qui n’était pas de ma faute. Allais-je les laisser dépérir dans une grande boite presque vide ? Je suis trop gentille, je n’y peux rien !
Un préambule très prometteur, j'aime beaucoup la forme du journal intime il me tarde de voir qui est ce fameux colocataire :)
RépondreSupprimerMerci ! Tu verras pour le coloc, ça va pas être une partie de plaisir, forcément !
RépondreSupprimerDébut très accrocheur ! Je suivrai ces aventures du mercredi ! Bonne continuation (et non, ce n'est pas cliché et quand bien même, on s'en fiche !)
RépondreSupprimerOn est mardi! vivement demain.
RépondreSupprimerFinalement tu vas écrire cette histoire comme tu écrirais ton propre journal.
Le début est très agréable, on a envie de savoir la suite.
J'ai appris le mot "diariste" grâce à ton texte.