Voila la suite, comme chaque mercredi. Ca n'avance guère, je sais, mais ce sont de petits morceaux que je vous livre à chaque fois. Peut être pas assez? Je ne sais pas.
28/09
Elizabeth
Le quotidien a repris, calmement, comme si rien ne s’était passé d’incroyable ces derniers temps. Malgré l’amabilité de Louis, je me sens très seule. Il n’est jamais dans les parties communes, toujours enfermé dans sa chambre comme un adolescent, et quand il en sort, il est généralement muet comme une tombe.
Néanmoins, aujourd’hui, j’ai fait une surprenante rencontre. Je rangeais de nouveaux arrivages de romans de fantasy, en me demandant ce que buvaient certaines personnes responsables des couvertures, quand le carillon de la librairie a retenti. Un adolescent est rentré. Un grand brun, un peu dégingandé, avec les cheveux en bataille, des lunettes d’intellectuel, et un sourire à faire craquer les midinettes. Il m’a détaillé des pieds à la tête avant de sourire de plus belle. J’allais lui demander s’il voulait un renseignement, quand il s’est mis à parler, d’une voix étonnamment grave et calme pour son âge.
« Alors c’est vous Elizabeth ? »
Me demandant ce que ça pouvait bien lui faire, je m’apprêtais à répliquer, quand il a repris
« Je ne vous imaginais pas comme ça. A entendre mon frère parler de vous, je croyais que vous correspondiez à ces critères habituels et ennuyeux, mais non, pour une fois, vous semblez sortir du lot. » Il s’arrêta un instant, me gratifia d’un clin d’œil presque gênant, avant de reprendre. « Je suis le frère de Louis. »
Il est étonnant de penser que deux personnes aussi différentes l’une de l’autre peuvent être apparentés. Comme la boutique était vide, j’ai fait du thé, et nous avons discuté longuement. Il s’inquiète pour son aîné, d’une manière terriblement sage et touchante. Le fait qu’il se soit visiblement mis dans la tête que je sois destinée à être « l’élue » qui apportera à Louis paix, amour et sérénité m’a fait rire, mais je n’ai trop rien dit, de peur de le vexer. Je crois que c’est bien la première fois que j’entends ce genre de discours chez un garçon. La réalité se chargera bien vite de lui remettre les idées en place, je le crains, à moins qu’il appartienne à l’espèce bénie qui trouve chaussure à son pied, sans subir ni désillusions, ni déconvenues. Cela existe, il paraît.
Je lui envie cette sérénité. Que ne donnerais-je pas pour retrouver la mienne. J’ai beau jouer les bravaches, il me semble parfois que le monde s’écroule autour de moi, sans que je puisse me raccrocher à quoique ce soit. Si seulement on pouvait remonter le temps !
C'est marrant, les 2 personnages en apprennent toujours un peu plus l'un sur l'autre sans jamais se rencontrer vraiment...
RépondreSupprimerBien sur on attend " cette rencontre là"...mais on est patient.
Mind the gap : C'est vrai. Ils s'étudient, sans vraiment avoir l'air de le faire. Ce sont deux effarouchés, comme je les aime...
RépondreSupprimerC'est très bien cette "posture" d'attendre pour les faire se rencontrer, on a le temps nous de baver encore... :)
RépondreSupprimerj'aime beaucoup l'arrivée de ce troisième personnage qui pourra peut-être les faire davantage communiquer l'un avec l'autre :)
RépondreSupprimerAsphodèle : Je vous torture, pauvres lecteurs
RépondreSupprimerAymeline : Merci ! Je ne sais pas si je suis bonne à décrire ce genre de liens familiaux mais j'aime bien en placer !