Et j'avais envie de faire ce plaisir à Asphodèle !
Il fallait placer les mots suivant : or – opale -orange – osmose – ode – obligation – offense – oh – ordinaire – orage – opportunité – ouvert(e) – onirique – obsession – ombrelle – obéissance – oubli – octave – orgue(s) – océan – orme – orchidée.
J'ai voulu faire un hommage à certaines nouvelles fantastiques, à des histoires de fantômes, des choses un peu surannées, mais que j'aime à lire.
Je me suis plutôt amusée, c'est l'essentiel !
Sur la promenade qui borde l’océan, dans cette petite
station balnéaire plongée dans l’oubli, on peut apercevoir une femme assise sur
un vieux banc de pierre rongé par le vent salé. Du moins, c’est ce qui se
raconte, et c’est ce que certains rêveurs, perdus dans d’oniriques songes, ont
pu apercevoir. Je n’avais jamais cru à cette légende, jusqu’à ce soir de
printemps, où j’avais tenté de noyer par l’alcool l’offense faite par celle que
j’aimais, ce crime terrible qu’elle avait perpétré de me préférer un ordinaire
bureaucrate, et par-dessus le marché, de se fiancer avec lui. Penser que
Louise, délicate et raffinée comme une orchidée se fasse souiller par ce garçon
rougeaud, avec qui la vie ne serait qu’obéissance et obligations, que
désillusions et amertume...
Elle qui était la muse des poètes, qui aurait pu se faire couvrir d’or, d’opales et de pierreries, pour qui l’on écrivait de longues odes…
Elle qui était la muse des poètes, qui aurait pu se faire couvrir d’or, d’opales et de pierreries, pour qui l’on écrivait de longues odes…
Mais comment avais-je pu croire que cette femme, oh, quelle
femme, aurait pu devenir l’épouse d’un peintre ? Je n’étais pas
désargenté, bien au contraire, et j’avais eu de belles opportunités qui m’avaient
permis de devenir en vogue, mais je n’étais qu’un rejeton de bohème, un va nu
pieds ayant réussi.
Un autre jour, j’aurais admiré l’orange du ciel qui tournait
à l’orage, et j’aurais voulu peindre le vieil orme penché qui veillait sur une
maison du bord de mer, admirant l’osmose entre nature et civilisation, mais ce soir-là,
j’errais.
« Oh, Louise… » Murmurais-je. J’aurais dû me
trouver à un concert d’orgue, où une de mes toiles allait être vendue pour une
quelconque association caritative dont j’avais oublié le nom. Mais je n’avais
pas envie d’affronter les mondanités. Je savais que quand j’approcherais les
gens, leur voix baisserait d’un octave, et ils chuchoteraient que j’étais un
homme meurtri, et que Louise m’avait rejeté. Ma plaie ouverte, béante, aurait dû
laisser entrevoir un cœur blessé, mais je devais avoir l’air d’un homme tout à
fait banal, marchant au hasard, comme un promeneur du dimanche.
J’allais me mettre à pleurer quand j’aperçus une silhouette,
que dans mon obsession je pris pour Louise. Mais la femme à l’ombrelle,
délicate et frêle, était une autre. Curieux, je m’approchais d’elle. Elle
tourna la tête vers moi, et dans ses grands yeux, je lus la même détresse que
la mienne. Je crois que je suis resté là des heures à la contempler, dans une
transe que je ne contrôlais pas. Quand je repris mes esprits, elle avait
disparu. Je la revis, de nombreuses fois, jusqu’à ce que mon cœur guérisse.
Maintenant je sais, qu’un fantôme erre bien sur la jetée, n’apparaissant
qu’aux âmes perdues et solitaires…