mercredi 31 août 2011

Le feuilleton du mercredi, 1 .

Avant que vous lisiez le texte, je tiens à préciser que ce feuilleton sera à deux voix. Vous avez déjà pu rencontrer celle d'Elizabeth la semaine dernière dans le préambule, aujourd'hui ce sera au tour de Louis. J'aime l'idée de voir le récit du point de vue des deux protagonistes principaux. 
Place au texte maintenant :)


Journal de Louis.

30 août.

Voilà, c’est fait. Encore une galère de plus. Sérieusement, il y a des jours où j’ai l’impression que la terre s’est liguée contre moi. Mon psy dirait que je souffre d’un sérieux complexe de persécution. Mais bon, il a des idées un peu décalées quand même. Comme ce journal, que je dois absolument tenir, parce qu’il paraît que ça va m’aider. Mouais. Un homme écrivant un journal ? A notre époque ? J’avais bien pensé faire un blog, mais j’aurais peur d’être ridicule et si jamais mes proches tombaient dessus... Déjà que je me sens con quand je dis que je vais voir un psy !
La journée a été harassante, et je n’ai pas pu avancer d’un iota sur mes pages. J’espère que je ne vais pas être en retard, sinon mon scénariste risque de me passer un savon. Et je parle même pas de l’éditeur. En même temps, je n’étais pas censé savoir qu’on aller me jeter à la porte de mon meublé, et que je me retrouverais chez une inconnue, bien trop joviale à mon goût, dans une chambre qui si elle est vaste et claire, me donne pour l’instant un sentiment de mal-être. Je n’ai pas encore réussi à me faire à l’idée que j’ai quitté mon cocon. Je suis très routinier comme garçon. Trop sans doute. Alors, déménager…
Quand je suis arrivé tout à l’heure à la librairie, j’étais tout à fait curieux de savoir à quoi ressemblait la fameuse Elizabeth Tales. Avec un nom pareil, digne d’une héroïne de roman, il y a de quoi s’attendre à une fille grandiose non ?
Son magasin est, je dois l’avouer, superbe, avec un grand rayon bande dessinée, bon point pour elle, et un côté très intimiste. Il y a quelques fauteuils par ci par là, qui invitent à s’attarder un peu. Je me suis assis, elle était occupée à lire à voix haute, à une dizaine de gens pendus à ses lèvres, un bouquin de format de poche. Je me suis rendu compte plus tard que c’était le Bonheur des dames de Zola.  Caché derrière une des nombreuses plantes vertes de l’endroit, j’ai pu l’observer à ma guise. Elle est assez jolie, bien que terriblement désuète dans sa façon de se coiffer, avec une tresse blonde collée à la tête, et dans son habillement tout en dentelles et couleurs passées .  On aurait pu croire qu’elle sortait d’une peinture intimiste dans un boudoir. Sans doute une volonté évidente de paraître fragile et donc de susciter chez le mâle un instinct de préservation. Ce ne sera clairement pas le cas chez moi.
Néanmoins, puisqu’il faut rendre à César ce qui lui appartient, elle a une façon de lire qui captive. Elle prend son temps, vous accroche à sa barque et sans même que vous vous en rendiez compte, vous voilà pris au piège. Elle m’a donné envie de l’acheter son livre. Ingénieux coup de marketing. Enfin je crois. J’ai des doutes que ce soit commercial, parce que malgré les apparences, à la fin de sa lecture, elle a prêté son exemplaire à une adolescente, clamé qu’il était sans doute trouvable en bibliothèque ou en lecture gratuite sur internet. Elle avait aussi des exemplaires d’occasion. Alors certes, certains de ses « adeptes », ont fait quelques achats, mais sans doute moins que si elle avait joué plus finement la chose.
Une drôle de vendeuse. Mais en même temps, le côté désintéressé peut amener une plus large clientèle. J’ai du mal à la cerner sur ce coup là.
Ce que j’ai bien compris par contre, c’est que c’est une intellectuelle. Elle vit lecture, respire lecture, mange lecture. Il faut voir son bureau. Une pièce comme on en voit dans les films, tapissée de bibliothèques, avec même une petite échelle pour atteindre les hauts rayonnages. Elle m’a dit que je pouvais me servir. Mais la lecture… Ce n’est plus vraiment ma tasse de thé, et ce depuis ce fameux jour…
Pendant que j’écris un de ses chats est assis sur le lit et me fixe en ronronnant. J’aime la compagnie des félins. Ils ont un côté rassurant. Leur compagnie sera toujours plus agréable en tout cas que celle de leur maîtresse, qui a déjà tenté de m’attirer dans ses filets amicaux en me proposant de manger avec elle. Comme si j’avais envie d’être son ami.
Je suis et resterais pour elle un locataire. Point barre. J’espère qu’elle ne se leurre pas là-dessus.

5 commentaires:

  1. Cela sent bon la romance....vivement la suite !

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  2. Intéressant ce personnage, cette histoire démarre bien :)

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  3. Mind the gap : La semaine prochaine ^^ Romance je sais pas, mais je pense qu'ils ne vont pas s'ennuyer ^^
    Aymeline : Merci ! On verra, j'espère que je ne vais pas m'enliser...

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  4. Hum hum, j'aime beaucoup... J'aime ta façon d déguiser les gens... Mais tu t'y prends fort bien (j'avais du retard de lecture, tu n'arrêtes pas entre tes deux blogs dis moi ?) Bravo à toi, je vois que la "cohabitation", la "colocation", le voisinage sont des thèmes de prédilection ! Nous avons une nouvelle Tatiana de Rosnay (quoique... j'espère que tu vendras un jour autant qu'elle tout en étant meilleure !) ;)

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  5. Asphodèle : Vendre des romans? J'en suis loin, mais ce genre de textes suivis me permet d'essayer de me remettre dans le bain et d'aller au bout des choses. On verra où ils vont me mener ces deux là...
    Je n'avais pas remarqué, mais c'est vrai, voisin/voisine, colocation... A croire que j'aime les huis clos !

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