mercredi 7 septembre 2011

Le feuilleton du mercredi, 2

Voilà le troisième mercredi... J'essaye de petit à petit poser les bases de l'intrigue, les intervenants, de tisser quelques motifs. Vous pouvez lire les deux premiers rendez vous ici et ici. N'hésitez pas à me faire part de remarques, critiques, et autres.

Journal d'Elizabeth

"4 septembre

Dimanche, jour de repos  par excellence. Enfin, il parait. On ne peut pas dire que les miens le sont généralement. Je dois avoir été maraboutée, ou je ne sais quoi, mais les dimanches sont souvent des jours funestes.  J’ai retrouvé mon père mort un dimanche…

Ce matin, quand je me suis levée, naïve que j’étais, j’ai trouvé une saveur particulière à la journée naissante. Il était neuf heures du matin, j’avais pu dormir et récupérer de la veille, journée de folie consécutive à la rentrée proche (J’aurais mieux fait de me casser une jambe le jour où j’ai décidé d’ajouter un petit rayon papeterie à la librairie.) L’odeur du café avait empli la maison, et j’ai été ravie de voir que mon locataire avait eu l’amabilité d'en faire en grande quantité. Sous des dehors très bourrus, il a parfois des attentions agréables, et je crois que je ne vais pas lui en demander plus. Bref, j’ai pu traîner un peu dans le bureau, avec mon café et un bon livre, et après une bonne douche j’avais l’intention de continuer ainsi.
A peine avais-je enfilé un tee shirt évocateur (mon préféré, avec une image de Sade, et cette phrase « Don’t torture yourself, torture others »), et un vieux jean bien confortable, que la sonnette retentit.
Là, je me suis dit bêtement que c’était soit des témoins de Jéhovah, que j’allais envoyer balader avec mon plus charmant sourire, soit que c’était pour mon nouveau locataire. Généralement les gens savent que le dimanche matin c’est sacré pour moi, et que je n’ai pas envie qu’on me dérange, à part urgence.
J’ai ouvert la porte en souriant.
Et là, ça s’est passé un peu comme dans les films. La scène au ralenti, l’étonnement, l’effroi, l’envie de claquer la porte et de retourner se coucher.
Devant moi, un vestige du passé, que dis-je un fantôme, enfin… Bien vivant le fantôme.
Hugo. Boucles noires, sourire enjôleur, yeux aux reflets ambrés, visage à la mâchoire volontaire et nez aquilin. Il arrive parfois que j’y pense sans amertume, que je me rappelle l’avoir aimé passionnément. Et puis… Je repense à ce jour.  Et au fait d'avoir attendu, guetté son soutien aux pires heures de ma vie. Avoir appris qu’il était parti. Et sa lettre, si bien tournée, si joliment formulée, mais si creuse. Expliquant qu’il était trop jeune pour se consacrer au malheur, que je n’avais pas besoin de ses hésitations,  que je serais mieux sans lui. En somme, beau prince, il se sacrifiait.
Et voilà qu’il réapparait, comme ça, sur le pas de ma porte, comme s’il était parti hier.
Ce qui s’est passé ensuite est flou. Je viens de me réveiller, et j’écris ces lignes à trois heures du matin. Je crois l’avoir engueulé, houspillé, avoir hurlé toute ma haine. Après l’avoir mis dehors, j’ai dû me saouler. Je me demande si je n’ai pas raconté mes misères à mon locataire. J’espère que non. L’alcool me rend bavarde, et j’évite de boire généralement, un verre me rendant saoule, deux ivre, et trois carrément hors d’état de nuire.  Le pire, c’est que je suis quasiment persuadée qu’Hugo aura vu ça comme un encouragement. Si je suis si furieuse après toutes ces années, il doit penser que c’est parce que quelque chose en moi n’est pas tout à fait mort. Qu’il reste un soupçon d’amour.
Certes je l’ai aimé, mais le passé ne s’efface pas comme ça. Tous les jours que j’ai passé au tribunal, à regarder ma mère sur ce banc, en me demandant quelle était cette étrangère que je découvrais, m’ont éloigné de lui. Ils ont annihilé la personne que j'étais alors.  En étant absent, il s’est définitivement interdit une possibilité de retour dans ma vie."

5 commentaires:

  1. Hé bien je serai là mercredi prochain, ce troisième épisode me donne encore plus envie de lire la suite que les précédents.
    Peut être un quatrième personnage viendra t-il se lier à l'histoire...
    "Il faut savoir rêver haut pour ne pas réaliser trop bas"...ceci peut -il s'appliquer à un écrivain en devenir????

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  2. J'ai hâte de savoir ce que le colocataire a pensé de cette visite !!!

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  3. J'aime bien ce ton ! Peut-être que l'on "s'identifie" plus facilement ? Mais je la trouve amusante ton héroïne (oui oui qu'elle déraille un peu !!! :)

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  4. Mind the gap : Bonne question ! Je rêve beaucoup, mais haut... Ca je ne crois pas.

    Aymeline : Héhé. La suite est déjà écrite ^^

    Asphodèle : Merci ! Je l'aime bien, et tu verras que la pauvre en a bavé... Désolée d'avoir tardé à répondre, cette semaine est très très dure.

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